"Ces politiciens, ce n'est pas le peuple qui les a choisis" : la tentative de coup d'Etat au Niger soutenu par une partie de la population

Si la France ne considère pas comme "définitive" la tentative de putsch, à Niamey, des habitants crient leur ras-le-bol de la situation politique et sécuritaire.
Article rédigé par franceinfo - Stanislas Poyet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'armée et des habitants de Niamey ont apporté leur soutien aux militaires putschistes qui séquestrent le président nigérien Mohamed Bazoum. (AFP)

"A bas les hommes politiques ! À bas les traîtres !" Sur la place de la Concertation, au cœur de Niamey, l’atmosphère électrique qui anime la foule tranche avec la tranquillité du reste de la ville. C'est ici que se sont rassemblés les soutiens les plus fervents des putschistes. Comme ses camarades autour de lui, Ali plaide pour un régime militaire : "Les politiciens sont des faux. Les Nigériens et l'armée ont réussi parce qu'ici, tout simplement, tous les politiciens qui sont en train de s'en aller, la grande majorité, ce n'est pas le peuple qui les avait choisis !", plaide-t-il. 

>> Niger : la "tentative" de coup d'Etat contre le président Mohamed Bazoum n'est pas "définitive", estime le Quai d'Orsay

Les militaires putschistes ont annoncé mercredi 26 juillet 2023 à la télévision nationale avoir renversé Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis 2021, suite à "la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale". Ils ont annoncé "la suspension jusqu'à nouvel ordre des activités des partis politiques" et appelé "la population au calme" après des incidents lors d'une manifestation à Niamey organisée pour les soutenir. Le lendemain, l'armée a apporté son soutien aux putschistes, qui accusent la France d'avoir enfreint sa décision de fermer les frontières en faisant atterrir à Niamey un avion militaire.  

La France ne considère pas comme "définitive" la "tentative" de coup d'Etat au Niger contre le président "démocratiquement élu" Mohamed Bazoum, a déclaré vendredi 27 juillet la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, évoquant des "possibilités de sortie". Le président Emmanuel Macron a parlé à plusieurs reprises à son homologue Mohamed Bazoum dont "nous demandons la libération", a-t-elle rapporté aux journalistes en marge d'une visite du chef de l'Etat en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

"Des gens viennent dans nos villages et égorgent nos chefs de famille"

Entre les drapeaux nigériens et russes, la très grande majorité des manifestants justifient leur colère par un épuisement face à la violence des groupes djihadistes qui sévissent dans les campagnes avoisinantes. Moussa est ainsi originaire du Tillabéry, non loin de la frontière malienne. "Aujourd'hui, les Français sont dans la rue parce que leur sécurité sociale est en train d'être perdue. Mais nous, ici, on n'a pas de sécurité sociale. Vous, ce sont peut-être les petits voyous du quartier qui viennent vous embêter, nous, ce sont des gens qui viennent dans nos villages, qui égorgent nos chefs de famille", dénonce-t-il.

Jeudi 28 juillet, un millier de personnes s'étaient donné rendez-vous devant l'Assemblée nationale, sur la Place dite de la Concertation, lieu privilégié des rassemblements politiques dans la capitale du Niger. (AFP)

 
Les putschistes avaient bien pris soin de justifier leur coup de force par l’urgence de la situation sécuritaire. Même si tout porte à croire que les motifs du passage à l’action restent avant tout politiques. Le Niger, un pays pauvre à l'histoire jalonnée de coups d'Etat, était l'un des derniers alliés de la France au Sahel, une région minée par l'instabilité, la précarité et les attaques jihadistes. Le coup d'Etat à Niamey est le troisième dans cette zone depuis 2020, après l'arrivée de militaires au pouvoir au Mali et au Burkina Faso. 

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