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Sainte-Hélène : Napoléon, l'atout majeur de l'île britannique pour relancer son tourisme

C'est dans ce confetti volcanique, territoire britannique de 122 km² perdu dans l'Atlantique Sud, qu'est mort l'empereur français en 1821. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Indication routière sur l'île britannique de Sainte-Hélène (Atlantique Sud) pour se rendre à l'endroit où la dépouille de Napoléon fut enterrée en 1821. Celle-ci fut ensuite transférée en 1840 aux Invalides à Paris. (JEAN LIOU / AFP)

Sainte-Hélène, îlot perdu à 1 850 km des côtes namibiennes, s'ouvre lentement au tourisme en attirant les adeptes de plongée... et les admirateurs de Napoléon. Arrivé en 1815 après Waterloo, il y est mort en exil en 1821. L'île, qui appartient administrativement au "Territoire britannique d'outre-mer de Saint-Helena, Ascension et Tristan da Cunha", fut "découverte" le 21 mai 1502,  jour... de la sainte Hélène, par le navigateur galicien João de Nova, au service du Portugal. Au XVIIe, elle fut occupé quelques années par les Néerlandais. Vinrent ensuite des représentants d'Albion, qui l'intègrent en 1834 à la Couronne. Motif : avant le percement du canal de Suez, l'île était un point de relâche pour les navires se rendant en Inde, "perle" de l'empire colonial du Royaume-Uni.

Sa population (un peu plus de 4 400 habitants) est composée d'"Européens descendants de Britanniques", d'"Africains descendants d'esclaves" et de "Chinois", rapporte l'encyclopédie en ligne Wikipédia.

Ce n'est qu'en octobre 2017 que le minuscule territoire britannique a été désenclavé grâce à une liaison aérienne hebdomadaire depuis Johannesburg, en Afrique du Sud, après avoir été dépendant de la mer des siècles durant. L'aéroport n'avait été ouvert que l'année précédente. "Pendant l'été austral, entre décembre et février, il y a même un deuxième vol, le mardi, depuis Le Cap. On n'en est qu'au tout début d'un point de vue touristique, mais c'est clairement prometteur pour le long terme", met en avant Dawn Cranswick, responsable de l'agence de développement économique de l'île.

"Ce que les gens dépensent en venant ici peut faire une grande différence",
a-t-elle déclaré à l'AFP à Paris lors d'une tournée de promotion de la destination auprès de potentiels investisseurs européens. Car aujourd'hui, Sainte-Hélène vit essentiellement des subventions de Londres. En dehors du tourisme, "sans industrie, sans agriculture suffisamment développée, Sainte-Hélène vivote", aux dires de l'AFP : en 2017, le salaire annuel moyen n'y dépassait guère 7 280 livres, soit 8 422 euros de 2020. En conséquence, nombre d'insulaires partent travailler ailleurs. A tel point que le système judiciaire "repose sur des non-professionnels pour toutes les affaires passibles d'une peine maximale de 18 mois de prison".

Le souvenir de Napoléon est toujours aussi vivace...

Napoléon, empereur déchu et prisonnier des Britanniques, en exil à Sainte-Hélène (Mary Evans Picture Library/SIPA / SIPA)
Depuis l'automne 2017, l'île, mélange de rochers volcaniques et de collines verdoyantes, a accueilli un peu plus de 2 500 touristes venus par les airs. "Ici, on apprivoise la lenteur, c'est la clé de la vie à Sainte-Hélène", résumait en 2017 Michel Dancoisne-Martineau (cité par l'AFP), le conservateur des Domaines nationaux de Sainte-Hélène, propriété de la République française. Lequel est aussi consul honoraire de France.

A côté de "fonds marins exceptionnels (qui) attirent (...) les amateurs de plongée", "l'histoire est un atout-clé de Sainte-Hélène", détaille le responsable du tourisme local. Une histoire faite par les aventuriers, les esclaves et les marins. Lesquels faisaient escale sur le confetti volcanique pour "renouveler leur provision d'eau douce et de vivres frais, ce qui lui vaut le nom d''Auberge de l'Océan'", aux dires de Wikipédia.

Le souvenir de Napoléon reste cependant l'attraction majeure de l'île. Ce qui n'est pas le moindre des paradoxes : l'empereur des Français fut l'ennemi juré des Britanniques. Battu à Waterloo par le duc Arthur Wellesley de Wellington, il fut exilé à Sainte-Hélène en 1815 et y mourut après six ans d'une résidence surveillée décrite par ses proches comme une descente aux enfers. Aujourd'hui, les passions sont retombées et il a désormais sa rue à Jamestown, la capitale. A quelques mètres de la pension Wellington...

"Sur les traces" de l'empereur...

Pour le bicentenaire de sa mort, le 5 mai 2021, un millier de visiteurs sont attendus, dont plus de 400 croisiéristes. Nomade Aventure, voyagiste français qui appartient au groupe Voyageurs du Monde, a déjà engrangé une cinquantaine de réservations pour ses deux voyages baptisés "Sur les traces de Napoléon" (à partir de 5 599 euros pour 11 jours) et "N" (6 659 euros pour 12 jours). N, comme Napoléon, bien sûr. 

Napoléon en train de dicter ses mémoires en 1816 à Sainte-Hélène (Mary Evans Picture Library 2010 / SIPA)
"Sainte-Hélène, on en rêvait depuis longtemps, et l'aéroport était la clé indispensable", raconte le directeur général du tour-opérateur, Fabrice Del Taglia. "Malgré l'éloignement et le prix du voyage, sans oublier les tarifs locaux, on a tout de suite vu l'intérêt, car il est de plus en plus difficile de trouver des destinations sortant des sentiers battus. On ciblait deux publics : ceux qui recherchent des destinations inédites, et ceux s'intéressant à Napoléon. Et c'est ce public-là qui est devenu majoritaire", poursuit le responsable.

Au programme : l'incontournable tombeau initial de Napoléon, dont le corps a été rapatrié aux Invalides à Paris en 1840. Mais aussi sa demeure de Longwood, domaine de 15 hectares qui est un territoire français pourvu d'un consul honoraire. A Longwood, il se dit que l'empereur déchu "vivait les volets clos pour empoisonner la vie des soldats chargés de le surveiller"...

Nomade Aventure a déjà réservé pour 2021 les chambres d'hôtel de ses clients : "Même à notre microscopique échelle, on sature déjà les capacités" d'accueil de l'île qui ne dispose que de 195 lits touristiques, souligne Fabrice Del Taglia. Et plus "pour l'anecdote", il ajoute : "Mes vendeurs m'ont rapporté que trois ou quatre des clients qui se sont inscrits par téléphone pour le voyage, ont conclu la conversation par un 'Et vive l'Empereur !'"

Le tourisme avant toute chose...

"La commémoration du bicentenaire de la mort de Napoléon est une formidable occasion" pour faire connaître l'île, renchérit German Amaya pour la compagnie Ponant, qui propose deux "Croisières Napoléon" avec escale à Sainte-Hélène en mai 2021. Conférences avec des historiens, dîners "inspirés des menus et vins servis à l'empereur lors de son exil" ou concerts "autour de la musique à l'époque napoléonienne" sont au programme pour ces deux périples de 15 ou 18 jours. Pour lesquels il faut débourser au moins 9 100 euros.

La résidence de Longwood, sur l'île de Sainte-Hélène, où Napoléon vécut de 1815 jusqu'à sa mort en 1821. Gravure apparemment réalisée au XIXe siècle. (MARY EVANS/SIPA)
Sainte-Hélène ne visera jamais le tourisme de masse : "Notre objectif est d'atteindre les 30 000 touristes en 2042. Le tourisme est clairement le moteur-clé pour le développement de l'île", résume Martin George, directeur de l'investissement de l'Agence de développement économique.

Dawn Cranswick assure aussi vouloir promouvoir un tourisme "vert": "Pour une communauté aussi petite que la nôtre, c'est une approche extrêmement responsable, parce que ce serait tellement plus facile de juste vouloir faire de l'argent". Les prix des prestations qui sont pour l'instant proposées, restent cependant peut-être un frein au développement de l'activité...

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