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Mozambique : des enfants soldats sauvés dans le nord quand d’autres restent aux mains des jihadistes

Des milliers de mineurs ont été déplacés dans cette zone et  "sont à risques" selon l’Unicef

Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un jeune mozambicain regarde les habitations à flanc de colline à Pemba, ville portuaire de Cabo Delgado dans le nord-est du Mozambique, en  décembre 2020. (ALFREDO ZUNIGA / AFP)

Lors d’un point de presse à Genève, un porte-parole du Fonds des Nations unies pour l’enfance, James Elder a confirmé l’existence d’enfants soldats dans le nord- est du Mozambique. L'enlèvement des enfants par le groupe jihadiste al-shabab a été dénoncé plus d'une fois ces derniers mois par les ONG qui ont notamment alerté sur l'endoctrinement des garçons et le mariage forcé des filles.

L’enrôlement de force

Il y a beaucoup d’incertitudes sur le sort des enfants enlevés par le groupe armé al-shabab dans la province à majorité musulmane de Cabo Delgado. Selon l’Unicef (lien en anglais), les autorités mozambicaines ont réussi à secourir des enfants soldats. Combien étaient-ils et combien d’enfants sont encore otages ? Aucune précision à ce stade. L’organisation Human Rights Watch a affirmé récemment que des centaines d'enfants avaient été enlevés par des jihadistes et emmenés dans des camps pour y être entraînés. L’Unicef ne donne pas de chiffres, mais n’a "aucun doute" sur l’enrôlement d’enfants.

"Le recrutement et l'utilisation d'enfants par des groupes armés détruisent des familles et des communautés. Les enfants sont exposés à des niveaux de violence incompréhensibles."

James Elder, Porte-parole de l'Unicef.

Garçons et filles

L’enlèvement d’enfants a commencé avec la montée en puissance des al-shabab qui sèment la terreur dans le nord-est du Mozambique depuis 2017. Ce groupe jihadiste qui a fait allégeance à l’organisation Etat islamique, a procédé à des enlèvements de masse dès 2000, selon Save The Children qui s’était inquiété de cette nouvelle pratique ou "tactique"  qui visait aussi bien les filles que les garçons. Des mineures qui avaient réussi à s’évader ont raconté comment elles étaient détenues dans des camps et mariées de forces. L’accès des organisations humanitaires à cette région vient confirmer, s’il le faut, ses abus.

"Nous avons des preuves de violences sexuelles contre les filles, nous avons des preuves de mariages forcés de filles."

James Elder, Porte-parole de l'Unicef

Quatre ans de violences

Parmi les enfants otages, certains auraient à peine cinq ans selon l’Unicef, qui se réfère aux images d’une vidéo retrouvée par les forces mozambicaines dans un camp abandonné par les jihadistes. 
Soutenue par une force régionale, l’armée mozambicaine a lancé en juillet dernier une offensive à Cabo Delgado. Elle a permis de reprendre notamment le port stratégique de Mocimboa da Praia.

Le nord-est reste en proie aux attaques jihadistes qui ont commencé il y a tout juste quatre ans. Les violences ont déjà fait au moins 3300 morts et plus 800 000 personnes ont été forcées de quitter leur foyer. Des milliers d'enfants ont été déplacés dans cette région et "sont à risques", selon l'Unicef. 

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