Marrakech : 5000 personnes dans les rues contre le terrorisme
"Un roi qui règne mais ne gouverne pas", "Justice sociale", "Non à la corruption" : les slogans affichés ce dimanche par les manifestants dans les rues de Marrakech étaient sans équivoque.
A l'appel du Mouvement du 20 février, les manifestants ont poursuivi le mouvement de contestation entamé ce jour-là, et qui a donné son nom au collectif. "La vraie alternative, c'est une Constitution populaire et démocratique", scandaient les contestataires, pour la plupart des jeunes venus de diverses villes du Maroc.
Le 9 mars, le roi Mohammed VI a annoncé des réformes constitutionnelles visant notamment à renforcer le rôle du Premier ministre issu des urnes. Malgré ces annonces, d'autres mouvements de contestation ont eu lieu le 20 mars et le 24 avril.
Dans le même temps, la manifestation de ce dimanche se voulait une marque de solidarité envers les habitants de Marrakech, frappés il y a dix jours par l'attentat le plus grave de l'histoire du pays, qui avait fait 17 morts, dont huit Français. Symboliquement, elle s'est donc dirigée vers la place Jamâa El-Fna, poumon de Marrakech et cible de l'attaque. "Non au terrorisme", pouvait-on lire sur d'autres pancartes.
Le flou sur les motivations des auteurs présumés de l'attentat
" Nous démentons toute relation avec cette explosion et affirmons n'être aucunement impliqués dans cette opération", assure Aqmi dans un communiqué diffusé vendredi par l’Agence mauritanienne privée en ligne, l'Agence Nouakchott Informations (ANI).
Al-Qaïda au Maghreb islamique ne serait donc pas derrière cet attentat, le plus meurtrier que le Maroc ait connu depuis 2003. Commis le 28 avril place Jamaâ El Fna à Marrakech, l’attaque a fait 17 morts, dont 7 Français.
Dès le lendemain, le ministre de l’Intérieur marocain Taieb Cherkoui avait pourtant évoqué un "style utilisé d’habitude par Al Qaïda." A savoir : une bombe actionnée à distance. Vendredi, trois suspects ont été arrêtés, présentés comme des admirateurs d’Al-Qaïda. Des admirateurs, mais pas forcément des membres.
Parmi les pistes possibles :
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Un acte isolé ? L’un des suspects avait appris à fabriquer bombes via internet selon enquêteurs. Pour le politologue marocain Mohamed Darif, "on semble être face à une personne qui n'a pas de lien organisationnel" avec Al-Qaïda. "Il cherche à mener le jihad à sa manière. »
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L’œuvre d’une organisation internationale ? Le Royaume aurait intérêt à avancer l'hypothèse d’une organisation étrangère, pour démontrer que les extrémistes sont contrôlés au sein du pays.
- L’acte de conservateurs, en désaccord avec la dynamique d’ouverture marocaine ? Pour Anne Giudicelli, spécialiste du monde arabe et musulman, cet attentat pourrait avoir été perpétré pour retarder le processus de réforme entamé par le Roi.
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