Séisme au Maroc : ce que l'on sait du tremblement de terre meurtrier qui a frappé la région de Marrakech

L'épicentre de ce tremblement de terre de magnitude 7 sur l'échelle de Richter se situait dans la province d'al-Haouz, au sud-ouest de Marrakech. Il a fait au moins 2 012 morts, selon les autorités.
Article rédigé par franceinfo
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Un secouriste participe aux opérations de recherche après un tremblement de terre à Moulay Ibrahim, près de Marrakech (Maroc), le 9 septembre 2023. (MOSA'AB ELSHAMY/AP/SIPA)

Le jour s'est levé sur un pays endeuillé, après une nuit cauchemardesque. Un violent tremblement de terre, survenu au Maroc vendredi 8 septembre peu après 23 heures, a fait au moins 2 012 morts, selon un bilan provisoire diffusé par le ministère de l'Intérieur samedi soir. Les dégâts sont immenses alors que les secours sont à pied d'œuvre pour rechercher des survivants prisonniers des décombres. Les premières heures sont cruciales pour tenter de sauver les victimes, mais le pays entier vit dans l'angoisse d'une possible réplique d'ampleur. Franceinfo revient sur ce que l'on sait du drame.

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Un séisme de magnitude 7 sur l'échelle de Richter

D'après les médias marocains, il s'agit du plus puissant séisme à frapper le royaume à ce jour. Le Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST), basé à Rabat, a déclaré qu'il était d'une magnitude de 7 sur l'échelle de Richter et que son épicentre se situait dans la province d'al-Haouz, au sud-ouest de Marrakech.

Il s'agit d'une magnitude "puissante pour cette zone, qui n'est pas habituée à subir des tremblements de terre si puissants", a relevé sur franceinfo le sismologue Florent Brenguier. "Au Maroc, la grande majorité des séismes se produisent plutôt à 500 km au nord de cette zone", poursuit le spécialiste. C'est là qu'un séisme de 6,3 sur l'échelle de Richter avait fait 628 morts le 24 février 2004, dans la province d'al-Hoceïma.

Outre Marrakech, la secousse a été ressentie à Rabat, Casablanca, Agadir ou encore Essaouira, à 200 km à l'ouest de Marrakech, où "des morceaux de façades sont tombés", selon un habitant joint par l'AFP. Le séisme a également causé l'effondrement de bâtiments dans les provinces et communes d'al-Haouz, Taroudant, Chichaoua et Ouarzazate, selon le ministère de l'Intérieur. Enfin, le séisme a été ressenti dans plusieurs provinces de l'ouest de l'Algérie voisine, mais la Défense civile algérienne a indiqué qu'il n'y avait pas fait de dégâts ou de victime.

Un bilan très lourd et encore provisoire

Après un premier bilan communiqué à l'aube par les autorités marocaines, faisant état de près de 300 victimes, le nombre de morts n'a cessé d'augmenter. En fin de matinée, il s'élevait à 820, selon le ministère de l'Intérieur marocain, avant de passer à 2 012 dans la nuit. Le tremblement de terre a également fait 2 059 blessés, dont 1 404 se trouvent dans un état très grave. Le royaume a décrété un deuil national de trois jours, a annoncé le cabinet royal à l'issue d'une réunion sur le séisme présidée par Mohammed VI.

"A 23 heures, les gens étaient à l'intérieur des maisons, ce qui explique le bilan très lourd. Les gens ont été pris dans leurs maisons, ils n'étaient pas dehors."

Eric Zipper, président de l'ONG Corps mondial de secours

à franceinfo

Pour Patrick Coulombel, fondateur de la fondation Architectes de l'urgence, interrogé au micro de franceinfo, l'heure et la localisation de l'épicentre pourraient augurer d'un bilan plus lourd encore. "Il n'est pas improbable que l'on arrive à des milliers de morts. C'est un scénario du pire, mais auquel il faut pouvoir s'attendre", a-t-il prévenu. "L'épicentre se trouve en montagne, à la limite de la montagne (..) où beaucoup de gens vivent dans des maisons relativement anciennes, avec des constructions en terre ou en pierre sèche, a-t-il expliqué. Dans la campagne, il peut y avoir beaucoup de destructions."

Des opérations de sauvetage complexes

"Chaque heure compte, chaque minute compte", a expliqué sur franceinfo le colonel Philippe Besson, président des Pompiers de l'urgence internationale. "L'urgence, c'est d'accéder aux zones de l'épicentre" afin de procéder à la recherche de victimes dans les décombres. L'épicentre se trouve dans "une zone rurale montagneuse." Or, "les routes sont endommagées et les ponts ont été détruits, ce qui rend les accès très difficiles pour les secours marocains, qui sont bien organisés et bien formés", a-t-il noté. Des conditions difficiles auxquelles s'ajoute la menace d'une réplique d'ampleur, possible dans les heures et jours qui viennent.

Plusieurs pays, tels que la France ou la Turquie, ont déjà proposé leur aide au Maroc. "Il faut bien sûr attendre l'appel à l'aide internationale et, surtout, les besoins exprimés par les autorités marocaines ou les gouverneurs", ajoute le colonel Philippe Besson. Dans l'attente d'"avoir les précisions sur le type de secours, le type de moyens" dont les secours marocains ont besoin, les Pompiers de l'urgence internationale se tiennent prêts à intervenir, en attente de "précisions sur le type de secours, le type de moyens engagés, qui peuvent être en partie des équipes ou des moyens particuliers comme des drones ou des moyens sophistiqués de recherche de victimes".

Des scènes de panique et des dégâts considérables

Sur des photos et vidéos publiées par des internautes, on peut voir d'importants débris d'habitations dans les ruelles de la médina de Marrakech. Mais aussi des voitures écrasées par des pierres. Les petites ruelles du quartier juif historique de la médina, le Mellah, sont jonchées de débris, de vieilles bâtisses se sont affaissées et des toitures en bois ont été cassées.

"C'est comme si on avait été frappés par une bombe."

Hafida Sahraouia, habitante de Marrakech

à l'AFP

"Notre maison s'est malheureusement effondrée", a raconté Hafida Sahraouia, marocaine de 50 ans qui s'est réfugiée avec sa famille sur une grande place à l'entrée du Mellah. "Nous ne savons pas où donner de la tête. On a tout perdu". "Je me croyais en enfer", a témoigné sur franceinfo un autre habitant de la ville.

Selon des images diffusées sur les réseaux, une partie d'un minaret s'est effondrée sur la célèbre place Jemaa el-Fna, cœur battant de la ville, faisant deux blessés. Des centaines de touristes et habitants des quartiers avoisinants ont trouvé refuge sur la place, dormant à même le sol.

Des personnes dorment sur une place de Marrakech après le séisme qui a frappé le Maroc dans la soirée du 8 septembre 2023. (FADEL SENNA / AFP)

De tels dégâts s'accompagnent d'importants besoins humanitaires pour les rescapés. Selon le colonel Philippe Besson, "il faut déjà également penser à la phase d'hébergement des sans-abris, puisque des milliers de personnes ont certainement perdu leur habitation". Il cite aussi l'accès à l'eau et à la nourriture.

Des cellules de crise ouvertes en France et au Maroc

L'ambassade de France au Maroc a ouvert une cellule de crise. Pour faire face aux conséquences de ce puissant séisme, la représentation française dans le pays a ouvert une cellule de crise, joignable au +212 537689900, a fait savoir sur Twitter l'ambassade de France dans la matinée. Le ministère des Affaires étrangères français a quant à lui ouvert une cellule de crise à Paris. Deux numéros ont été ouverts "pour répondre aux demandes de renseignement ou d’aide de nos compatriotes" : le +212 537689900 au Maroc et le 0143175100 en France.

"Il est, à l’heure actuelle, recommandé par les autorités locales de rester en dehors de tout bâtiment, dans un endroit ouvert, afin d’éviter tout risque en cas de réplique, et ce jusqu’à nouvel ordre", recommande par ailleurs le consulat général de France à Marrakech.

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