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Maroc: les grandes écoles françaises à l’assaut du royaume

Après un départ timide il y a une vingtaine d’années avec des écoles de commerce pionnières, depuis trois ans, les écoles les plus réputées de France posent leurs bagages au Maroc. Dauphine, l’Ecole Centrale, l’Essec… Et les établissements français ne comptent pas s’arrêter là: de nombreux pays africains souffrent d'un déficit de formation supérieure.
Article rédigé par Louise Bugier
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'Essec, la célèbre école de commerce française, a installé un campus à Rabat (Maroc). L'inauguration a eu lieu le 21 avril 2017, en présence de Jean-Michel Blanquer, alors directeur général de l'Ecole, avant d'être nommé ministre de l'Education dans le gouvernement d'Edouard Philippe. (FADEL SENNA / AFP)

«C’est assez unique ce qui est en train de se passer», se félicite Jean-Marc Berthon, directeur de l’Institut français du Maroc. Dans une interview à l’AFP, il explique qu’il y a un réel «engouement» pour le royaume marocain de la part des grands établissements français d’enseignement supérieur. «Pas moins de six» grandes écoles se sont installées au Maroc ces trois dernières années et «d’autres manifestent leur intérêt !»

Gagnant-gagnant
Selon M.Berthon, tout comme les responsables de ces partenariats, les deux pays en ressortent totalement gagnants. Pour le Maroc, «pays sûr dans un environnement régional assez tourmenté», cela permet de profiter de sa proximité avec l’Europe. Et surtout, le partenariat «améliore et agrandit l'offre de formation supérieure» pour les étudiants marocains. La France, elle, en retire un «rayonnement international» accru de ses grandes écoles ainsi que des milliers d’étudiants supplémentaires qui perpétuent la noblesse des établissements.

Au Maroc, un étudiant en école d'ingénieur travaille dans un laboratoire de son école (DISABILITYIMAGES\SCIENCE PHOTO L / DIM / Science Photo Library)

En 2008, la Conférence des Grandes Ecoles (CGE) marocaine accueillait pour la première fois des établissements français d’ingénieurs et de commerce. Ils étaient invités à «contribuer au développement du Maghreb», au nom de «la proximité géographique et linguistique ainsi que le passé culturel commun», estimait Pierre Aliphat, responsable à la CGE. Avec une implantation encore timide à cette époque, seulement quelques écoles «de milieu de tableau» avaient répondu présentes.

Perpétuer le «gage de qualité» au Maroc...
L’Ecole Centrale, l’EM Lyon Business School, l’Ecole des Mines, l’INSA, Dauphine… Désormais, les plus prestigieux établissements se pressent aux portes du Royaume. Dernière en date, l’Essec, la célèbre business school française, qui a ouvert fin avril 2017 près de Rabat son campus Afrique-Atlantique.

 
Dans un bâtiment flambant neuf à l'architecture épurée, le campus trône entre un parcours de golf, une académie du Paris Saint-Germain et des villas de luxe. Le diplôme obtenu est le même qu’en France, le tarif et l’exigence également avec une sélection aussi pointilleuse que sur le campus de banlieue parisienne. Le but en somme: perpétuer le «gage de qualité» qui fait le nom des grandes écoles.

... et dans le continent africain tout entier
«L'ambition est claire. Il s'agit de former des jeunes Marocains, naturellement, mais aussi des jeunes de tout le continent africain», précise M.Berthon. A l'Ecole Centrale, en effet, un tiers des étudiants du campus marocain vient d'Afrique subsaharienne. «Ces colocalisations académiques ont été fortement encouragées par les deux Etats» dès 2012, et le sujet a été entériné en 2013, «durant la visite du président François Hollande», selon M.Berthon.

Le président François Hollande s'était rendu à l'Université Internationale de Rabat (Maroc), le 4 avril 2013 (AFP PHOTO / POOL / ABDELJALIL BOUNHAR)

Concrètement, sur le reste du continent africain, l’implantation est encore timide mais s’affirme peu à peu. L’EM Lyon a lancé des campus éphémères alliant formation en ligne, coaching et rencontres en face-à-face. Au Sénégal tout de même, depuis 2008, le BEM de Dakar (campus de l’école française de commerce Kedge) rassemble des étudiants de l’Afrique entière, et du côté d’Abidjan, l’IPAG niçoise a ouvert un campus en 2015.
 
Pour les étudiants et leurs parents, ces partenariats représentent beaucoup. Plus besoin d’envoyer leur enfant de 17-18 ans à Paris pour étudier: «C'est un peu la France au bout de la rue», résume Youssef Ziraoui, directeur d’un média étudiant marocain.

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