Maroc : indignation après la mort d'une adolescente de 14 ans victime d'un avortement clandestin
L'interruption volontaire de grossesse (IVG) est passible de six mois à cinq ans de prison au Maroc.
Une adolescente marocaine est décédée à la suite d'un avortement clandestin dans un village d'une région rurale du pays, ont rapporté mercredi les médias locaux, ce qui a suscité l'indignation d'ONG féministes. La jeune fille, âgée de 14 ans, a été inhumée, mardi 13 septembre, dans le village de Boumia, dans la province de Midelt (sud-est), selon une vidéo de Chouf TV, une web-tv, présente sur place. "L'avortement s'est déroulé au domicile d'un jeune homme qui exploitait sexuellement la victime", a indiqué mardi dans un communiqué une coalition d'associations féministes marocaines, "Printemps de la dignité".
"Violences institutionnalisées"
A la suite du drame, la gendarmerie royale a interpellé "la mère de la victime, une infirmière et le propriétaire de la maison où l'avortement clandestin a eu lieu", a précisé la chaîne publique 2M. Un quatrième suspect a été ensuite arrêté car soupçonné d'avoir "apporté assistance durant l'avortement" selon la même source qui ajoute que l'enquête du parquet se poursuit.
"Cette tragédie est la conséquence d'un cumul de violences institutionnalisées subies par les femmes", déclare la militante féministe Betty Lachgar. "Nous portons à l’Etat l’entière responsabilité de pousser les femmes et les filles à recourir à l’avortement clandestin à risque, quelles que soient les circonstances dans lesquelles la grossesse a eu lieu, sans tenir compte de la souffrance des femmes et des filles en cas de grossesse non désirée", accuse la coalition "Printemps de la dignité", dans un communiqué publié par Yabiladi.
Avortements clandestins
L'interruption volontaire de grossesse (IVG) reste passible de six mois à cinq ans de prison au Maroc. Le code pénal sanctionne aussi bien la femme qui avorte (de six mois à deux ans de prison) que les personnes qui pratiquent l'acte (de un à cinq ans de prison). Le Maroc s'était engagé en 2015 dans un profond débat sur "l'urgence" d'un assouplissement de sa législation face au fléau des centaines d'avortements clandestins pratiqués chaque jour, dans des conditions sanitaires parfois désastreuses.
Une commission officielle avait dans la foulée recommandé que l'avortement dans "quelques cas de force majeure" devienne autorisé, notamment en cas de viol ou de graves malformations. Aucune loi n'est depuis venue entériner ces recommandations ardemment soutenues par les défenseurs des droits des femmes.
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