Avortements clandestins au Maroc : "Tout le monde le sait"
Au Maroc, entre 600 et 800 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour. L’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC) doit lancer d'ici quelques jours une campagne nationale de prévention des grossesses non désirées. Cette association se bat depuis depuis des années pour assouplir la loi sur l'IVG, interdite au Maroc, sauf si la vie ou la santé de la mère est en danger.
Pour France Info, Joan Longuépée a rencontré Sarah (nom d'emprunt), 35 ans. Elle s'est mariée à 18 ans : "Ma famille m'a forcé à me marier avec un homme âgé de 22 ans de plus, moi je voulais continuer mes études. Je me suis mariée avec lui sans jamais l'aimer ." Elle a avorté clandestinement.
"Même mon médecin me conseillait de ne pas avoir d'enfant"
"A chaque fois qu'il me disait qu'il fallait avoir d'autres enfants, moi je me déprimais" , explique Sarah. "Même mon médecin me conseillait de ne pas en avoir parce que psycfhiquement je n'étais pas prête. Moi je voyais que si j'avais un autre enfant...peut-être je pourrais faire un crime ."
Au Maroc, interrompre sa grossesse est puni de 6 mois à 2 ans de prison. Sarah a donc cherché un médecin qui pratique l'avortement clandestinement. "Il m'a dit, est ce que vous pouvez m'apporter l'accord de votre mari ? "
La jeune femme est donc allée trouver un autre praticien, qui accepté de pratiquer l'intervention, moyennant 5000 dirhams, soit environs 500 euros, dans des conditions hygiène éloignées de celles d'un bloc opératoire.
"C'est un secret de polichinelle"
"Le plus grave, c'est celle qui vont aller faire un avortement traditionnel, par des instruments souillé, des herbes" pour le professeur Chafic Chraïbi, gynécologue à la maternité de Rabat. "Cela peut aboutir à des complications graves, voire mortelles ".
Face à cette situation, le médecin a créé l'AMLAC, l'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin, qui se bat pour une légalisation : "C'est un secret de polichinelle : tout le monde sait qu'il y a des centaines d'avortements qui se font tous les jours. C'est des femmes qui de toute manière ont dans la tête d'aller se faire avorter. Tant qu'à faire, mieux vaut le faire dans de bonnes conditions de santés et de légalité. "
Un texte est en cours de préparation pour assouplir la législation, mais la question est de savoir si les indications vont véritablement être élargies.
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