Cet article date de plus de douze ans.

Au Mali, les rebelles progressent vers le sud

Alors que les islamistes s'installent dans le nord du pays, les rebelles touareg marchent vers le centre. La junte, sous embargo, est isolée et dépassée.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des combattants du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), au Mali en février 2012. (MNLA / AFP)

Le putsch de la junte malienne plonge le pays dans le chaos. En renversant le président Amadou Toumani Touré le 22 mars, l'armée a laissé sans le vouloir le champ libre aux séparatistes du Nord et aux islamistes. Lundi 2 avril, les islamistes de l'Ansar Dine ont repris Tombouctou des mains des rebelles touareg, qui se dirigent à présent vers Mopti, au centre du pays. Ces mouvements de groupes armés, ajoutés à l'embargo imposé à la junte lundi, poussent la population à se déplacer et même à quitter le pays.

• Tombouctou "sous la charia"

Les islamistes prennent le dessus dans le nord du Mali. "Tombouctou a passé sa première nuit sous la charia (loi islamique), tout est calme dans la ville", a raconté mardi matin à l'AFP un fonctionnaire. Lleader d'Ansar Dine, groupe de salafistes touareg lié à Aqmi, a rencontré lundi soir les imams de la ville. "Il a expliqué qu'il n'est pas venu pour l'indépendance, mais pour l'application de la loi islamique", raconte le fonctionnaire.

Selon des témoins, trois des principaux chefs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) sont également présents à Tombouctou au côté du leader d'Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly. Tombouctou, dernière garnison gouvernementale dans la partie nord du pays, avait été prise la veille par plusieurs groupes rebelles touareg. Ansar Dine et le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), mouvement laïque et principale composante de la rébellion, avaient mené l'assaut ensemble.

Mais quelques heures plus tard, les salafistes d'Ansar Dine ont expulsé le MNLA des rues de la ville. Selon l'envoyé spécial du Monde à Bamako, ces derniers se sont repliés sur la zone de l'aéroport.

Carte du Mali, par Acntx (ACNTX / FLICKR)

• Les rebelles avancent vers le sud

Pendant ce temps, les rebelles touareg du MNLA avancent vers le centre du pays. Le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt, a signalé mardi 3 avril que des "mouvements" de rebelles avaient été repérés "autour de Mopti", au centre du Mali.

"Il y avait en tous cas des mouvements autour de Mopti. Aujourd'hui, compte tenu de ce que l'on sait de la situation militaire sur le terrain, a ajouté le ministre interrogé par RFI, je ne vois aucun secteur géographique sur lequel l'armée malienne serait susceptible de stopper l'avancée des rebelles."

Des centaines d'habitants de Mopti et de ses environs, dont des militaires et leurs familles, auraient quitté leur domicile dès lundi, craignant l'avancée des rebelles, selon des témoins cités par l'AFP.

• Plus de 200 000 personnes ont fui les combats

Plus de 200 000 personnes ont fui depuis le mois de janvier et cherché refuge ailleurs dans le pays, voire en Mauritanie, au Niger, au Burkina Faso ou en Algérie, d'après le Haut commissariat aux réfugiés et le Programme alimentaire mondial (PAM).

"Ce chiffre de 200 000 risque d'augmenter", a indiqué une porte-parole du PAM. Parmi eux, 107 000 personnes sont déplacées à l'intérieur même du Mali. Pour ceux-là, la situation est particulièrement difficile. Les bureaux et dépôts du PAM dans le nord du pays, à Gao, Kidal et Tombouctou, ont été pillés et le personnel sur place de l'agence de l'ONU est pour l'instant consigné à domicile.

• A Bamako, la pénurie menace

La junte, elle, est totalement isolée et soumise à un embargo diplomatique, économique et financier "total", décidé lundi lors d'un sommet de la Communauté économiques des Etats d'Afrique de l'Ouest, à Dakar (Sénégal). Les premiers effets de cet embargo sont apparus à Bamako avec la formation de files d'attente devant les stations-services, par crainte de pénurie.

"On a dit qu'il y a embargo, on a peur qu'il y ait pénurie, alors on prévient comme on peut", raconte à l'AFP un jeune Malien, venu avec un ami et une demi-douzaine de bouteilles vides pour faire le plein. "Il y a assez de carburant dans les dépôts", assure le pompiste, sans convaincre les clients. "Il y a assez de carburant, mais est-ce que toi, tu peux nous dire combien de temps ça va durer ?", lui a rétorqué un motocycliste.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.