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Libye : la bataille de Daech pour le pétrole n'est pas gagnée d'avance

L’organisation Etat islamique, qui compte près de 3000 djihadistes en Libye, a lancé le 4 janvier 2016 une offensive à partir de son fief de Syrte en direction des principaux terminaux pétroliers du pays. Des réservoirs ont été attaqués mais la bataille ne semble pas évidente. Explications.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un incendie s'est déclaré dans le réservoir de brut d'al-Sedra touché par des bombardements de Daech le 5 janvier 2016. Image extraite d'une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux. (AFP/ HO)

Des réservoirs de brut en feu et le cri d’alarme de la compagnie pétrolière libyenne. Basée à Tripoli, la National Oil Corporation (NOC) s’inquiète pour le «trésor du peuple libyen». Les terminaux d’al-Sedra et de Ras Lanouf visés par Daech, situés dans la région du «Croissant pétrolier», sont les plus importants du pays. L’organisation Etat islamique qui s’est implantée en Libye depuis plus d’un an a promis ces derniers mois de s’emparer de la manne pétrolière.
 
Tous contre Daech ?
Même si Daech marque des points sur le terrain et contrôle notamment la ville de Syrte sur la côte, le Pétrole libyen semble pour l’instant hors de sa portée directe. «Les djihadistes font face à des milices armées, certes divisées, mais aguerries et très efficaces», précise à l’AFP Patrick Hamzaideh, ancien diplomate français et spécialiste de la Libye.

Si le pouvoir est partagé en deux dans le pays, les gouvernements rivaux ont fait front commun face à la menace de Daech.
Les gardes des installations pétrolières proches des autorités de l’Est ont reçu un appui aérien de la part des forces du gouvernement rival de Tripoli.

Les installations pétrolières en Libye  (AFP/Kun Tian)
 
Un Pétrole encore sous contrôle
Ce n’est pas la première fois que les sites pétroliers libyens sont pris pour cible. C’est d’ailleurs en raison de l’insécurité que la production est à l’arrêt depuis plus d’un an à al-Sedra, le plus grand réservoir du pays.

L’attaque lancée à partir de Syrte, ancien bastion de Kadhafi, vise avant tout à montrer la capacité de nuisance de la franchise libyenne de Daech. Même s’ils parviennent à occasionner des dégâts importants dans les stocks de brut, les djihadistes ne contrôlent pour l’instant aucun site. Et s’ils arrivent à le faire, «ce n’est pas sûr qu’ils parviennent à vendre le pétrole» en raison notamment de la concurrence avec les trafiquants locaux, comme le précise à l’AFP Mattia Toaldo, chercheur au European Council on Foreign Relations.

Néanmoins, la présence de l’organisation Etat islamique dans cette zone stratégique constitue une menace sur le long terme si rien n’est fait pour les déloger.
 
La Libye dispose des réserves pétrolières les plus importantes d’Afrique avec une production estimée à 1, 6 million de barils par jour avant 2011. Mais actuellement la plupart des sites sont à l’arrêt et la production a chuté à 440 mille barils par jour.

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