La Libye veut mettre fin aux constructions anarchiques
Avec la guerre civile, la population a fui les centres-villes pour s'installer dans des quartiers périphériques au développement anarchique.
Au sortir d’une guerre en général, la préoccupation est de reconstruire, en particulier les villes meurtries par les combats. En Libye, la situation est tout autre et pour le moins paradoxale. Dans un pays qui, depuis dix ans, est le théâtre d’une guerre civile interminable, l’immobilier se porte à merveille. Certes, des quartiers de Benghazi ou de Tripoli ont été détruits par les combats, mais dans le même temps, la périphérie de ces villes a vu sortir de terre des milliers de logements. Une urbanisation anarchique que les autorités ont du mal à réguler.
A Benghazi, rapporte l’AFP, la superficie construite a doublé depuis 2009, passant de 32 000 à 64 000 hectares. Et ce n’est pas fini. Ainsi, le groupe chinois China State Construction Overseas réalise en ce moment un quartier de 20 000 logements dans la banlieue de Benghazi, de quoi accueillir 100 000 personnes sur 580 hectares. Une ville nouvelle qui ne dit pas son nom !
Dans le même temps, les autorités peinent à reconstruire les quartiers touchés par la guerre. Ainsi, le front de mer de Benghazi porte encore les stigmates du conflit.
Les habitants des logements détruits se sont mis à construire de petites habitations, en général sans aucune autorisation, dans des quartiers informels échappant à toutes réglementations dans la proche campagne. Selon le directeur du Bureau des projets de la ville, Oussama Al-Kazza, la moitié de Benghazi, soit 50 000 logements, a ainsi été construite en dehors du schéma directeur. Dans ces quartiers, il n’y a ni route, ni école et encore moins d’égouts.
Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), 200 000 Tripolitains ont été contraints de fuir leur foyer en raison des combats de 2019 à 2020. Des familles se sont parfois installées dans des logements en construction, sans porte, ni fenêtre. Hanan et sa famille n’ont pas eu d’autre choix, faute d’argent. "Il n’y avait aucune trace de vie dans l’appartement. Il y avait tellement de vent. Il n’y avait rien à notre arrivée", raconte la mère de famille qui vit dans un immeuble inachevé du centre-ville avec ses deux filles, ses deux fils et une belle-fille.
Tripoli la capitale, plus touchée par les combats, a un besoin urgent de nouveaux logements. Et inévitablement la pénurie fait flamber les prix. Un petit appartement coûte facilement 400 000 dinars quand le salaire moyen oscille entre 450 et 600 dinars (80 et 110 euros). Autre conséquence, l’explosion des loyers qui ont doublé ces dix dernières années selon un agent immobilier de Tripoli, selon l’AFP.
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