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La Libye contrainte d'importer du pétrole pour cause de désordre

Un pays régulièrement classé parmi les vingt premiers producteurs de pétrole du monde mais qui doit importer du carburant ? Il y a de quoi s’inquiéter pour les pays qui n’ont pas de pétrole. C’est pourtant le cas de la Libye. Si le sous-sol du pays est loin d’être épuisé, la plupart des gisements d’hydrocarbure de l’est du pays sont paralysés par des groupes armés.
Article rédigé par Clément Martel
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le pétrole est la principale ressource libyenne (MAHMUD TURKIA / AFP)
La Libye a entrepris d'importer du gazole et du mazout afin de maintenir en activité ses centrales électriques. Un comble pour un pays aux réserves pétrolières importantes. Mais du fait d'un mouvement social, symbole d'un certain désordre dans le pays, ayant abouti à la fermeture de la plupart des gisements d'hydrocarbures de la partie orientale du pays, la Libye est obligée de s’approvisionner à l‘étranger, selon un responsable du secteur énergétique.

Il s’agit des plus graves perturbations dans l’industrie pétrolière libyenne depuis 2011, et la guerre civile ayant abouti au renversement de Mouammar Khadafi. Et aucune issue n'est en vue pour le moment dans ce conflit, qui dure depuis juillet dernier.

Des raisons incertaines
Des groupes armés, des agents de sécurité et des employés du pétrole liés à certaines tribus ont fermé les oléoducs et les terminaux pétroliers. Ces personnes reprochent au gouvernement de vendre le pétrole sans en mesurer les quantités exportées. De son côté, le gouvernement accuse ces gardes de chercher à détourner le pétrole à leur profit et a plusieurs fois menacé de bombarder tout navire voulant exporter le brut indépendamment de l'Etat.

Pour d’autres, ce mouvement vise à réclamer l'autonomie de la Cyrénaïque (d'où est partie la contestation en 2011), cependant le Premier ministre libyen Ali Zeidan a affirmé que «ces mouvements de protestation sont menés par des individus, des gardes des installations pétrolières et anciens gardes qui n'ont aucune notion de la politique».

Des répercussions sur le budget de l’Etat
Véritables maîtres sur le terrain en raison de l'arsenal récupéré lors de l'insurréction contre le régime de Kadhafi en 2011, les ex-rebelles ont été pointés du doigt. Face à la crise, la commission de l'énergie à l'Assemblée nationale libyenne les a appelés à agir pour s'opposer à la fermeture des champs et terminaux pétroliers du pays.

Selon Saad Ben Chrada, l’un des membres de ladite commission, «la production actuelle du brut est de moins de 100.000 barils par jour» en Libye, ce qui occasionne des pertes estimées à trois milliards de dollars. D’ordinaire (hors période de conflit), la capacité moyenne de production du pays s'établit autour de 1,5 à 1,6 million de barils par jour. Outre ces pertes importantes, l’Etat libyen pâtit aussi de la situation, son budget ayant été calculé sur la base d'une production de 1,6 million de barils par jour.

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