En images Balayée par la tempête Daniel, la Libye est à la recherche de milliers de disparus dans les inondations

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un véhicule de police endommagé par les inondations de la tempête Daniel à Derna (Libye), le 11 septembre 2023. (HANDOUT / ANADOLU AGENCY / AFP)
Rien que dans la ville de Derna, plus de 2 300 morts ont été recensés.

Des torrents de boue et des bâtiments effondrés. Les vidéos en provenance de Libye qui continuent d'affluer sur les réseaux sociaux, mardi 12 septembre, montrent l'étendue des dégâts causés par la tempête Daniel dans l'est du pays. Dimanche, dans l'après-midi, d'importantes précipitations ont rapidement provoqué des inondations et englouti des dizaines de localités, notamment côtières.

Dans une alerte lancée mardi, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a avancé un chiffre glaçant : aux dernières nouvelles, "le nombre de disparus est proche de 10 000", ce qui laisse craindre un lourd bilan humain. De son côté, le Service libyen de secours et d'urgence évoque 2 300 morts et 7 000 blessés dans la ville de Derna, ravagée par les flots. Tour d'horizon de cette catastrophe qui, selon la FICR, "dépasse largement" les secours présents sur place.

La côte du nord-est piégée par les eaux

Après avoir ravagé plusieurs régions de Bulgarie, de Turquie et de Grèce, la tempête Daniel a terminé sa course dimanche sur le désert libyen. Qualifié de "Medicane", contraction de Méditerranée et de hurricane ("ouragan", en anglais), ce phénomène extrême a forcé les autorités locales à décréter l'état d'urgence, conformément aux alertes du Centre météorologique libyen. Prises au piège entre les torrents et la mer, ce sont les villes côtières de la Cyrénaïque, région du nord-est du pays, qui ont été le plus durement touchées.

Selon les médias locaux, comme la chaîne de télévision Al Ahrar, les villes d'Al Bayda et de Shahat ont subi des dégâts très importants. Mais celle dont les réseaux sociaux parlent le plus reste Derna, où les bâtiments bordant le fleuve du même nom sont recouverts de boue et de débris – quand ils n'ont pas été emportés par les flots.

"Des quartiers entiers de Derna ont disparu, et leurs habitants ont été emportés par les eaux après l'effondrement de deux barrages vieillissants, rendant la situation catastrophique et incontrôlable", a déploré l'Organisation météorologique mondiale (OMM), une agence de l'ONU. Selon un bilan provisoire, donné mardi par les urgences locales, plus de 2 300 personnes ont trouvé la mort rien que dans cette ville.

Des véhicules retournés par les flots

Mardi matin, les rescapés de cette catastrophe tentaient de retrouver leurs proches et leurs voisins dans un décor post-apocalyptique, dont des rues jonchées de voitures et de camions retournés, preuve de la violence des torrents. Par endroits, des routes se sont affaissées et des ponts ont été sérieusement endommagés. Mais l'ampleur réelle de ces inondations n'est pas encore connue. Les axes routiers et les réseaux de télécommunication, déjà peu performants avant la tempête, ont en effet subi de nombreux dégâts.

Un camion poussé sur le bord de la route par les inondations à Derna (Libye), le 11 septembre 2023. (PREMIER MINISTRE LIBYEN A BENGHAZI / AFP)

Les secours de cette région, eux-mêmes touchés par les inondations, tentent de localiser les survivants et de leur apporter les premiers soins. Mais leurs moyens sont très limités, dans un pays divisé entre deux chefs de gouvernement rivaux, et affaibli par une décennie de violences et d'instabilité politique. Mardi à l'aube, un premier avion chargé de 14 tonnes d'équipements médicaux a décollé vers l'est du pays, a annoncé le ministère libyen de la Santé (du gouvernement de Tripoli) sur Facebook, alors que le circuit humanitaire s'ouvre peu à peu aux pays voisins.

L'aide internationale au secours d'un gouvernement débordé

Pour prêter main forte aux secouristes, l'Italie et la Turquie ont déjà envoyé des équipes et des moyens. La Tunisie, l'Egypte ou encore le Qatar se sont également engagés à aider la Libye. Côté français, Paris se tient prêt à envoyer "une aide d'urgence" aux populations sinistrées, comme l'a annoncé mardi le Quai d'Orsay, "en appui des efforts libyens sur le terrain et en coordination avec les Nations unies".

Des secouristes venus de Turquie déchargent un bateau sur le tarmac d'un aéroport de Libye, le 12 septembre 2023. (ANADOLU AGENCY / AFP)

Eau potable, nourriture, vêtements, kits de soins : alors que la décrue se poursuit lentement, les besoins humanitaires sont "considérables", a alerté le FICR. Afin d'éviter les infections et la propagation de maladies, la récupération des cadavres d'humains et d'animaux dans l'eau viciée devient une priorité.

Les rues de la ville de Marj (Libye), inondées après le passage de la tempête Daniel, le 11 septembre 2023. (AP / SIPA)

Alors que le bilan des vies perdues ne cesse d'augmenter, trois morts se sont ajoutées mardi à ce triste décompte. Il s'agit de secouristes volontaires du Croissant-Rouge libyen, tués "alors qu'ils étaient en service pour aider les familles bloquées par les inondations", a déclaré mardi sur Twitter le secrétaire général de l'IFRC, Jagan Chapagain.


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