Après la Syrie, la Russie de Vladimir Poutine en Libye grâce au maréchal Haftar
Le maréchal Khalifa Haftar désespère de l’Occident, incapable, selon lui, d’avoir d’une implication claire et de choisir son camp en Libye. Et de chercher un parrain du côté de Moscou. Il espère un gagnant-gagnant avec Vladimir Poutine. L'homme fort de l'est-libyen et bête noire des islamistes, espère un soutien indéfectible de Moscou pour étendre son influence sur tout le pays. Et une implication en Libye permettrait à Moscou d'élargir son influence dans le monde arabe et méditerranéen, où les Russes sont revenus en force en intervenant en Syrie.
La Russie de Vladimir Poutine ne cache plus son intérêt pour le militaire septuagénaire. Moscou semble donc avoir choisi son camp dans la lutte qui oppose le Gouvernement d'union nationale (GNA), basé à Tripoli et appuyé par l'ONU, l'Occident et certains pays africains (l’Egypte notamment), aux autorités rivales de l'Est dont l'homme fort n’est autre que le maréchal Haftar.
Sunday Times: #Putin backs Haftar, turns kingmaker in #Libya. #Russia had signed #Benghazi naval base deal in 2010https://t.co/9qKQtwpgjw pic.twitter.com/tXjvBpkrUE
— Alwasat Libya (@alwasatengnews) January 9, 2017
Reçu à deux reprises à Moscou, le nouvel ami de Vladimir Poutine a eu droit à tous les honneurs, le 11 janvier 2016, sur le porte-avions russe Amiral Kouznetsov croisant au large de la Libye: lever des drapeaux, hymnes nationaux et entretien par vidéo-conférence avec le ministre de la Défense Sergueï Choïgou. Le maréchal Khalifa Haftar dispose d’un grand atout: il s'est imposé comme un interlocuteur indispensable après s'être emparé de quatre terminaux pétroliers dans l'Est, d'où s'exporte la majorité du pétrole libyen.
«Moscou est clairement en train d'évaluer s'il serait ou pas dans son intérêt de faire pencher la balance politique et militaire en faveur de l'est-libyen», explique Ethan Chorin, ancien diplomate américain en poste à Tripoli, aujourd'hui consultant. Le maréchal libyen cherche à contourner l’embargo sur les armes. «Il n'est pas clair si Moscou acceptera de fournir des armes tant que l'embargo est en vigueur (mais) il semble que les étoiles commencent à s'aligner en faveur de Haftar», analyse, pour l’AFP, Mattia Toaldo, expert au Conseil européen des relations extérieures.
With Putin & Trump likely to support Haftar, Italy more isolated in its plans in Tripoli I said to Financial Times https://t.co/stFGHeXfNP pic.twitter.com/GvwUoDATz2
— mattia toaldo (@mattiatoaldo) January 15, 2017
Donald Trump, futur meilleur ami? L'entrée en fonction du nouveau président américain Donald Trump pourrait également consolider l’ancien dignitaire de Kadhafi. Il n'exclut pas que le maréchal Haftar soit soutenu à la fois par la Russie, l'Egypte et les Etats-Unis. «Surtout dans le contexte des déclarations de membres de l'équipe Trump sur les Frères Musulmans – ennemis jurés de Haftar et du président égyptien Abdelfattah al-Sissi – qu'ils considèrent comme équivalent à al-Qaïda et au groupe djihadiste Etat islamique», explique Mattia Toaldo.
Plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye n’en constitue pas moins potentiellement un eldorado attractif grâce à ses immenses ressources pétrolières et gazières. De par sa situation géographique, elle deviendrait pour la Russie un avant-poste sur la Méditerranée.
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