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Algérie, Tunisie, Maroc : "Le jihadisme connaît un déclin durable", selon un chercheur de l'Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire

Alors que le jihadisme se développe au Sahel, la situation s'est stabilisée dans les pays du Maghreb, même si elle reste complexe en Libye. 

Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Janvier 2017 : destructions dans le sud de Benghazi en Libye après que des soldats de l'Armée nationale libyenne (armée du maréchal Haftar) ont repris une zone jusque là tenue par des combattants de l'EI (groupe Etat islamique). (ABDULLAH DOMA / AFP)

"Après avoir traversé au cours des trente dernières années deux phases ascensionnelles majeures (…), le jihadisme au Maghreb connaît un déclin durable." C'est ainsi que Flavien Bourrat, chercheur Maghreb-Moyen-Orient à l'Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (IRSEM), analyse le recul du jihadisme en Tunisie, au Maroc et en Algérie dans une note intitulée Quel avenir pour le jihadisme au maghreb : déclin durable ou possible résurgence", publiée en novembre 2019. Alors que les combattants islamistes semblent trouver de nouvelles zones d'expansion au Sahel, il apparaît, selon cette note, que ces derniers ont été vaincus ou mis dans l'impossibilité de se développer dans les pays du Maghreb. Selon ce chercheur, "l'organisation Etat islamique, qui a pourtant dominé le champ mondial de la violence islamiste armée au cours de cette décennie, n’est pas parvenue à s'implanter dans la région. De son côté, Al-Qaida au Maghreb islamique, si elle a pu conserver une capacité de résilience face à sa rivale, se retrouve désormais très affaiblie et acculée dans ses derniers bastions." 

Le chercheur reste prudent 

Derrière cet optimisme, ce chercheur, géographe et spécialiste des questions de défense, reste prudent et note que "les facteurs d’une résurgence possible de ce phénomène sont toujours présents au Maghreb, qu'il s’agisse du substrat idéologique, des terreaux incubateurs socio-culturels, des risques potentiels ou présents d’instabilité politique, ou de l’apparition de nouveaux acteurs se réclamant de cette mouvance". 

Ce n’est finalement qu’en Libye où une mouvance jihadiste ayant fait allégeance à l’EI a pu réellement émerger

Flavien Bourrat

IRSEM

Flavien Bourrat analyse l'échec des différents groupes qui tentent de s'implanter au Maghreb (GSPC, AQMI et même l’EI) : "Les nouveaux groupes salafistes jihadistes ne sont pas parvenus à s’implanter durablement", et ceci malgré "l’effondrement des structures étatiques et la prolifération de matériels de guerre" suite à la destruction du régime Kadhafi. 

Pourquoi cet échec ? Selon lui, les différents Etats ont réussi à dominer ces mouvements. Militairement en Algérie, grâce à sa police (BCIJ) au Maroc, et de façon plus complexe en Tunisie en raison de l'instauration de la démocratie qui a créé de nombreux changements à la tête de l'Etat. Alors que ces mouvements avaient émergé en raison d'un certain nombre de facteurs (fragilité de l’Etat, problèmes politiques et socio-économiques, marginalisation et déracinement intérieur, désintégration sociale...), il apparaît, selon M. Bourrat, que seule, aujourd'hui, la Libye concentre ces facteurs.

En conclusion, note-t-il, "la période actuelle, en dépit des signaux d’alerte que constituent des attentats sporadiques, témoigne de la fin d’un cycle long inauguré par le retour d’Afghanistan de la première génération de jihadistes maghrébins à la fin des années 1980".

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