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Libye : Kadhafi reste sourd à la révolution et aux menaces internationales

Au seizième jour de la révolution libyenne, les insurgés continuent de marcher vers Tripoli, l’un des derniers bastions du pouvoir. De plus en plus isolé, Mouammar Kadhafi, qui exerce un pouvoir sans partage depuis 41 ans, continue pourtant de s’accrocher à sa tour d’Ivoire, sourd au soulèvement des révolutionnaires et aux menaces de la communauté internationale…
Article rédigé par franceinfo
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C'est un document rare que vous propose France Info ce matin. Delphine Minoui, journaliste au Figaro, a pu rencontrer à Tripoli certains dirigeants du régime du colonel Kadhafi, dont le fils cadet du dictateur, Seif Al-Islam. Ce dernier continue d’affirmer que le gouvernement libyen se porte bien et qu’il contrôle la situation. " Tout est calme, visitez Tripoli, allez voir les centres-villes. C’est un peu le bazar à l’Est, mais ça va être bientôt résolu ", affirme-t-il.

Une photographie de la Libye qui tranche radicalement avec la situation observée sur le terrain, où les affrontements entre manifestants et forces loyalistes ont fait des centaines de morts depuis le 15 février, selon les ONG, voire des milliers. Les Nations-Unies s’insurgent et condamnent cette répression sanglante d’une voix unanime. Pure propagande médiatique, rétorque Seif Al-Islam. "Ils disent que les forces aériennes bombardent des quartiers de civils, des manifestations, qu’il y a des milliers de victimes. Et c’est pour ça que le monde entier a décidé de punir la Libye ", explique-t-il à Delphine Minoui.

Mais le cadet des fils Kadhafi, comme son père au pouvoir depuis plus de 41 ans, semblent avoir définitivement perdu leur pouvoir de persuasion. Mais malgré la promesse de nombreuses réformes, la Libye continue sa marche révolutionnaire vers la liberté. A l'Est, les opposants qui contrôlent désormais la région se disent prêts à prendre les armes et à mettre en place un comité de transition. A Benghazi, la deuxième ville du pays, libérée il y a une semaine, les regards se tournent donc aujourd'hui vers Tripoli, dernier bastion du pouvoir Kadhafi.

Urgence humanitaire

Au seizième jour de l’insurrection, l’exode d’une partie de la population, principalement des Tunisiens et des Egyptiens qui résident en Libye, devient extrêmement préoccupant. A la frontière tunisienne, le "seuil critique" a été atteint, prévient le Haut commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR). Depuis le 20 février, 70.000 à 75.000 personnes sont ainsi passées en Tunisie dans le but de fuir les exactions du régime.

Hier, l'ONU a lancé un "appel urgent" à la communauté internationale en vue d'une évacuation humanitaire massive de dizaines de milliers de personnes, tandis que les premiers convois humanitaires arrivaient dans le pays et dans les zones frontalières. Le premier convoi humanitaire envoyé par la France devrait arriver dans la journée à Benghazi.

Pas de consensus aux Nations-Unies pour un recours à la force

Les États-Unis haussent le ton. Washington multiplie les initiatives pour faire plier Mouammar Kadhafi. Navires de guerre en approche, troupes amphibies, flotte d'hélicoptères pour soutenir des opérations humanitaires,… les stratèges militaires américains planchent sur plusieurs scénarios.

Si la grande majorité des capitales occidentales s'accordent désormais à réclamer le départ immédiat de Kadhafi, dont certains doutent de plus en plus de l’état mental, l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, option défendue par les Etats-Unis, partage la communauté internationale.

Le Pentagone et les membres de l'Otan ont commencé à examiner des "préparatifs pour le moment où nous estimerons qu'il est nécessaire, pour des raisons humanitaires et autres, que des mesures soient prises", a déclaré hier la secrétaire d'Etat Hillary Clinton. On n’est cependant encore loin du consensus.

Cécile Mimaut, avec agences

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