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Israël pousse ses pions sur le continent africain

Benjamin Netanyahu était l’invité le 4 juin 2017 à Monrovia du 51e sommet africain de la Cédéao consacré à la sécurité régionale et à la lutte contre le terrorisme. Le Premier ministre israélien prépare pour octobre 2017 le premier sommet Israël–Afrique. Le savoir-faire israélien dans le domaine militaire mais aussi dans l’agriculture et les hautes technologies intéresse nombre de pays africains.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le Premier ministre israélien benjamin Netanyahu et la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf au sommet des chefs d'Etat africains à Monrovia (4 juin 2017). (Afp/ Zoom Doso)

«Je crois en l'Afrique, à son potentiel et à sa force. Notre relation avec l'Afrique est une priorité absolue», a déclaré Benjamin Nethanyahu le 4 juin 2017 à Monvrovia, au Liberia, où il était l'invité surprise du sommet des chefs d'Etats africains de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest). La réussite agricole et technologique d'Israël fascine également les petits Etats africains, qui rêvent d'une émergence accélérée.

Le Premier ministre israélien a annoncé «le retour d’Israël en Afrique» et proposé la création d’une coalition forte avec le continent pour lutter contre le terrorisme.

Le retour d’Israël sur la scène africaine avait commencé en juillet 2016 avec la visite de Benjamin Netanyahu dans quatre pays d'Afrique de l'Est: le Rwanda, le Kenya, l'Ouganda et l’Ethiopie. 

L'Afrique émergente
Israël (comme la Chine, la France, l’Inde, le Japon et la Turquie) pousse ses pions en Afrique, perçue comme une terre d’avenir et la dernière frontière de la croissance mondiale. Ses échanges économiques avec le continent restent modestes, mais Israël veut exporter son savoir-faire agricole et technologique. L’Etat hébreu va ainsi construire une centrale solaire qui fournira 25% des besoins d'énergie du Libéria. Il est également intéressé par les ventes d’armes et l'achat de diamants. 

Il y a surtout les centaines de conseillers militaires israéliens qui forment les gardes présidentielles et les services de renseignement africains. Des experts devenus utiles dans la lutte contre le terrorisme dans la Corne de l’Afrique (shebabs), au Nigeria (Boko Haram) et en Afrique de l’Ouest (Aqmi).


Contrer l’influence iranienne
Israël veut également surveiller et contrer l’influence iranienne en Afrique. Le président iranien Hassan Rohani à réalisé trois visites sur le continent ces dernières années. Téhéran entretient des liens forts avec l’Afrique du Sud, depuis le soutien à l’ANC durant l’Apartheid.
 
Israël s’inquiète surtout des réseaux du Hezbollah libanais et des Gardiens de la révolution iraniens en Afrique. Le Hezbollah a solidement implanté ses réseaux en Afrique de l’Ouest. Les connexions de certains membres de la diaspora libanaise avec le Hezbollah sont notoires. L’une des plus grandes mosquées d’Abidjan est d’ailleurs surnommée «la mosquée du Hezbollah» par les Ivoiriens.

Dans les années 80, le Sierra Leone constituait le cœur de la puissance du Hezbollah en Afrique. Le diamant sierra-léonais a longtemps financé la milice chiite Amal de Nabih Berri, allié du Hezbollah et président du Parlement libanais depuis 1992.

Argent de la drogue
En février 2011, l'administration Obama a publié un rapport accusant une banque libanaise, la Lebanese Canadian Bank, de servir de paravent au trafic de cocaïne. Les investigations ont tourné autour d'un vaste système où la drogue en provenance du Venezuela, mais aussi du Mexique, transitait, via l'Afrique de l'Ouest, avant de remonter vers l'Europe. Les communautés chiites des deux côtés de l'océan auraient servi à mettre en place et à garantir l'efficacité des opérations, selon Interpol.

Les sommes en jeu se comptaient «en dizaines de millions de dollars». «Ce réseau de trafic de drogue est alors utilisé pour financer les Farc et le Hezbollah», affirmait dès 2009 Ronald Noble, alors secrétaire général d'Interpol.

En mai 2013, l’Iranien Azim Aghajani a été condamné au Nigeria pour trafic d'armes après avoir importé à Lagos 13 conteneurs remplis d'armes. La destination finale de la cargaison n'a pas été établie, mais la Casamance (Sénégal) est le point de chute le plus probable. L'affaire avait ouvert une crise diplomatique entre Dakar et Téhéran.
 
Aujourd’hui encore, les services secrets israéliens se demandent si l'Afrique de l'Ouest n'est pas devenue l'une des principales sources de financement, via le trafic de drogue, du Hezbollah et une base arrière active du Parti de Dieu.

C'est entre autres pourquoi Israël s'intéresse à l'Afrique et propose ses services pour la création d'une coalition dans la lutte contre le terrorisme. L'Etat hébreu espère retrouver son statut d'Etat observateur à l'Union africaine.

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