Le régime libyen réprime dans le sang les premières manifestations anti-Kadhafi
Des Libyens en colère, qui scandent "le peuple veut faire
tomber le régime" et qui s'en prennent aux portraits géants de Mouammar Kadhafi. De telles scènes sont extrêmement rares dans ce pays dirigé d'une main de fer depuis bientôt 42 ans par le dictateur.
Les révolutions des voisins tunisien et égyptien ont semble-t-il donné de l'espoir aux opposants libyens. Ce jeudi a été décrété "journée de la colère" et des groupes Facebook appellent les Libyens à descendre aujourd'hui dans la rue. La date n'a pas été choisie par hasard : ce 17 février marque le 5ème anniversaire d'une manifestation réprimée dans le sang par la police.
Mais le régime n'a pas l'intention de laisser le vent de la révolution souffler sur le pays. Les premiers rassemblements, ces derniers jours, ont été durement réprimés. Selon des sites d'opposition et des ONG, tous basés à l'étranger, au moins six manifestants ont été tués depuis hier à Al-Baïda et Benghazi, deux villes de l'est du pays, devenues le bastion de la contestation. "Les forces de la Sécurité intérieure et des milices des comités
révolutionnaires ont dispersé, en usant des balles réelles, une manifestation
pacifique de jeunes" affirme Libya Watch, une organisation
de défense des droits de l'Homme basée à Londres.
_ Un haut responsable de sécurité local a été limogé aujourd'hui.
Durant la nuit de mardi à mercredi, 38 personnes avaient déjà été blessées par les forces anti-émeutes à Benghazi.
Des manifestations violentes ont également eu lieu aujourd'hui à Zenten, à 145 km de Tripoli, selon le journal libyen Quryna.
Malgré la répression, les opposants n'ont pas l'intention de baisser les bras. Ils appellent à un nouveau rassemblement demain, après la prière du vendredi.
Le régime organise lui la contre-attaque. A plusieurs reprises, des manifestants pro-Kadhafi sont descendus dans les rues, pour dire leur attachement à celui qui détient désormais le record de longévité à la tête d'un pays d'Afrique. Plusieurs centaines de partisans du régime ont convergé ainsi aujourd'hui vers la Place
verte, au coeur de Tripoli pour crier "Nous défendons Kadhafi et la révolution !"
Hier soir, des SMS ont été envoyés par "les jeunes de la Libye" sur le
réseau de téléphonie mobile, mettant en garde celui qui "oserait toucher aux quatre lignes rouges", Mouammar Kadhafi, l'intégrité territoriale, l'islam et la sécurité du pays.
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