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La sécurité alimentaire en Afrique au menu du G8

A l’heure où les pays du Sahel et de la Corne de l’Afrique font face à une terrible pénurie alimentaire, le président américain Barack Obama a présenté le 19 mai au sommet à Camp David, aux Etats-Unis, une nouvelle opération pour améliorer le développement agricole en Afrique.
Article rédigé par Jean Serjanian
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Distribution de rations alimentaires à Mogadiscio en Somalie, le 15 Août 2011 (AFP PHOTO / ROBERTO SCHMIDT)

Pour aborder le dossier de la sécurité alimentaire au Sommet du groupe des huit pays les plus riches, le Président américain Barack Obama avait invité les dirigeants béninois, éthiopien, ghanéen et tanzanien à prendre part avec leurs homologues du G8 à une rencontre consacrée à «l'accélération des progrès vers la sécurité alimentaire dans le continent».

Le G8, saluant des progrès «notables» dans le développement en Afrique, s'est engagé à lancer une «Nouvelle Alliance» qui doit permettre dans les dix prochaines années «de sortir 50 millions de personnes de la pauvreté».

Pour Henry Malumo, , coordinateur pour l'Afrique d'ActionAid International, une Nouvelle Alliance «avec les seuls gouvernements et entreprises n'a aucune chance de succès. Les paysans, coopératives et organisations non gouvernementales doivent être une partie indispensable de l'effort». Cette Nouvelle Alliance «doit fortifier le rôle de l'Union africaine et être tenue responsable devant le peuple africain», a-t-il indiqué.

Selon les estimations actuelles, près d'un milliard de personnes dans le monde souffrent toujours de faim chronique (une personne sur sept dans le monde) et un peu plus d’un quart de la population touchée par la faim dans le monde vit en Afrique.

Le directeur général de la FAO, le Brésilien José Graziano da Silva, a récemment lancé un cri d'alarme pour dénoncer la pénurie importante de fonds pour les activités planifiées par son organisation dans la Corne de l'Afrique et au Sahel.

L'appel de la FAO pour 2012 s'élève au total à 293,7 millions de dollars destinés à une combinaison stratégique d'opérations d'urgence et de développement à plus long terme dans la Corne de l'Afrique, dont 101,7 millions ont déjà été reçus. Il reste un déficit de financement de 193,9 millions de dollars, dont 50 millions sont requis d'urgence dans les trois prochains mois, conclut la FAO.

Situation d'urgence dans la corne de l'Afrique
Selon l'organisation, bien que la situation dans les zones victimes de la sécheresse de la Corne de l'Afrique se soit considérablement améliorée ces derniers mois, on estime que 8,1 millions d'habitants ont encore besoin d'une assistance, dont 3,2 millions en Ethiopie, 2,5 millions en Somalie, 2,2 millions au Kenya et près de 200.000 à Djibouti.

Mogadiscio : des femmes somaliennes dans un camp pour personnes déplacées attendent une ration alimentaire (AFP PHOTO / ROBERTO SCHMIDT)

La FAO note que 15 millions de personnes sont touchées par la famine au Sahel, dont 5,4 millions au Niger (soit 35% de la population), 3 millions au Mali (20%), 1,7 million au Burkina Faso (10%), environ 3,6 millions au Tchad (28%), 850.000, au Sénégal (6%), 713 500 en Gambie (37%) et 700.000 en Mauritanie (22%).

Les activités d'urgence planifiées dans la région prévoient, entre autres, la distribution de semences vivrières et potagères ou la création de petits périmètres d'irrigation. Les initiatives concernant l'élevage comprennent le soutien à la production fourragère et le démarrage ou l'intensification des campagnes de vaccination.

Les ONG attendent des actes 
Les Etats du G8 ne doivent pas renoncer à leurs engagements pour la sécurité alimentaire mondiale et laisser le secteur privé tout gérer, met en garde l'organisation non gouvernementale Oxfam.

«Face au défi de la lutte contre la faim dans le monde, les pays du G8 ne doivent pas tourner le dos à leurs engagements financiers, substituer les financements privés aux politiques publiques et favoriser les intérêts de quelques multinationales au détriment des priorités des pays pauvres qu'ils sont censés aider», estime Sébastien Fourmy d'Oxfam France.

Katie Campbell, responsable d'ActionAid USA, a indiqué que le G8 à Camp David, «a offert des paroles chaleureuses» sans «promettre ne serait-ce que le maintien des engagements financiers» du sommet de L'Aquila (Italie) sur la sécurité alimentaire de juillet 2009. Au sommet de l'Aquila en Italie, le G8 et d'autres pays invités s'étaient engagés à mobiliser 20 milliards de dollars sur trois ans afin de lutter contre la faim dans le monde.

A en croire certaines ONG, le G8 a tenu ses promesses, mais, estiment-elles, le temps est venu d'en formuler de nouvelles, en se concentrant cette fois non pas sur les financements, mais sur des solutions concrètes pour éradiquer la faim dans le monde.

Ben Leo, directeur politique de One, l'ONG co-fondée par le chanteur irlandais Bono, émet l'espoir que le groupe des pays les plus riches parviennent à l'objectif d'arracher 50 millions de personnes à la pauvreté en soutenant des plans d'action nationaux.

Michael Klosson, haut responsable de Save The Children, souhaite, de son coté, que l'accent soit mis sur la lutte contre la malnutrition infantile, fléau dont souffre, selon lui, un quart des enfants dans le monde dans les premières années de leur vie.

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