La flotte anti-pirate européenne prête à prendre la mer
Atalante, un nom qui peut sembler bien poétique pour une force militaire. Mais dans la mythologie grecque, Atalante est une chasseresse hors-pair, et c'est bien à cette aptitude que ses concepteurs ont voulu faire référence.
_ Cette fois, le sanglier de Calydon, gibier emblématique de l'Atalante légendaire, prend la forme des pirates de la côte somalienne. L'armada navale européenne compte bien les attraper, à défaut de bien savoir quoi en faire par la suite.
Escorte de convois
Huit pays européens se sont en tout cas coalisés (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède auxquels se joindra peut-être le Portugal), sous commandement britannique, ce qui constitue là aussi une première.
En comprenant le QG de Northwood (nord de Londres), Atalante regroupe un gros millier d'hommes.
_ Six bâtiments de guerre, des frégates, et trois avions de surveillance vont prendre le relais des quatre navires de l'Otan qui patrouillent sur le secteur depuis fin octobre.
Sur mandat de l'ONU, la flottille de l'UE aura à escorter les navires du Programme alimentaire mondial (PAM) et à dissuader les pirates d'attaquer les navires marchands.
_ Atalante devra ainsi patrouiller sur un million de kilomètres carrés au large de la Somalie. 12% du commerce maritime et 30% du pétrole brut mondial transitent par là. Une trentaine de cargos ont été détournés, le double de l'an dernier.
Comme au temps des galions espagnols ou de la dernière guerre mondiale, des convois de navires marchands seront formés sous protection des navires de guerre.
Procès incertains
Mais les pirates somaliens ont donné la preuve de leurs capacités d'adaptation. Quand les navires de guerre se mettent à pulluler dans leur zone de chasse habituelle, ils vont attaquer des navires plus loin au large, jusque dans l'océan Indien.
Atalante devra aussi surmonter un casse-tête juridique autour de
l'arraisonnement, l'arrestation et le jugement des pirates.
Au regard de leur législation nationale, quatre pays de l'UE seulement -Allemagne, Finlande, Pays-Bas et Suède- se sont dits en mesure d'arrêter et de juger des pirates. Et encore ne voudront-ils le faire qu'au cas par cas, a souligné un responsable européen.
Du coup, l'UE a engagé de discrètes négociations avec des voisins de la Somalie -Djibouti et Kenya- dans l'espoir qu'ils acceptent de se faire remettre et de juger des pirates pris en flagrant délit par Atalante. Sans quoi les pirates en seront quitte pour une perte de temps.
Grégoire Lecalot, avec agences
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