L'engagement français en Libye, pour longtemps ?
Entre mer et montagne. Ce n'est pas un cliché corse... La base aérienne 126 de Solenzara, en Haute-Corse, est véritablement située entre mer et montagne, sur la façade orientale de l'île. La piste d'atterrissage touche presque la mer... et il est bien sûr hors de propos de penser à s'y baigner.
Car c'est de là, de Solenzara, que, depuis le 19 mars dernier, part l'essentiel des avions français engagés dans l'opération Harmattan. De là, et du porte-avions Charles de Gaulle, qui croise à quelques encablures de la Libye.
_ L'opération Harmattan, c'est le volet français de l'opération "Unified Protector", rebaptisée ainsi depuis que l'Otan a pris le commandement opérationnel des combats en Libye, le 31 mars dernier.
Solenzara a, selon son commandant de base, le colonel Gilles Villenave, permis de gagner deux heures et demie de temps de vol par rapport aux tous premiers vols qui étaient partis de Nancy ou de Saint-Dizier, dans l'est de la France.
_ La base s'enorgueillit aussi de posséder un dépôt de munitions assez conséquent, ainsi que des dépôts de carburant qui lui assurent au rythme actuel, trois mois d'autonomie.
Une vingtaine d'appareils participent aux opérations, 24 heures sur 24 : neuf Rafale, huit Mirage 2000D et six Mirage F1CR.
Le général Jean-Paul Paloméros, chef d'état-major de l'armée de l'air, était hier en déplacement à Solenzara. Pour assurer les troupes de son soutien, les féliciter... et les avertir que le conflit risquait bien de se poursuivre.
_ “Aucune crise récente contemporaine ne s'est réglée sur le court terme”, a-t-il dit aux hommes.
Sur le terrain, la principale difficulté à laquelle sont confrontés les pilotes, c'est de reconnaître précisément les cibles. En volant à 20.000 pieds d'altitude, soit 6.000 mètres, il est difficile de s'en remettre à sa seule vue. D'où l'importance des campagnes de renseignement, en amont. Les avions ratissent le pays, prennent des photos, qui sont ensuite décryptées par des spécialistes.
_ En cas de doute, sur la provenance de tel ou tel blindé, la règle est claire : on ne tire pas. Pas question de dommages collatéraux, comme on dit pudiquement.
Et la tâche est d'autant plus difficile que le colonel Kadhafi a bien compris les limites de l'engagement international. Il n'hésite pas, selon les militaires, à placer ses tanks près d'écoles, ou de centre-villes. Il a même fait acheter quelque 400 pick-up - rigoureusement identiques à ceux dont se servent les insurgés - histoire de brouiller encore un peu plus les cartes...
Guillaume Gaven, envoyé spécial à Solenzara
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