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Kenya : Francis Kariuki, le chef de village qui twittait à ses compatriotes
Francis Kariuki, chef du village de Lanet Umoja, a fait de Twitter un moyen de communication au service de la gouvernance locale.
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Il est surnommé le «Tweeting Chief (le chef qui twitte)» par la presse kényane qui fait écho à son originale méthode de gouvernance depuis des années. La presse internationale s’est aussi entichée de lui. Le Los Angeles Times, repris par Courrier International, lui a encore récemment consacré un reportage. Francis Kariuki dirige la localité de Lanet Umoja, située dans l’ouest du Kenya. Ce qui le rend si célèbre : il est le chef de village qui gazouille le plus au Kenya (@Chiefkariuki).
Gazouiller pour informer ses administrés
Mon téléphone, «c’est mon arme», confiait-il à Kenya CitizenTV dans un entretien en 2012. Il m’aide à faire mon travail le plus efficacement possible.» Et de poursuivre : «C’est ma sécurité.» Il me sert «à combattre le crime, à changer la vie des gens». Conclusion : «La technologie est plus puissante qu'une arme.» Outre le contact direct avec ses concitoyens avec qui il communique le plus souvent en swahili, Chief Kariuki a notamment inventé la police 2.0 dans sa localité.
Son compte Twitter est d’ailleurs explicite : «J’utiliseTwitter comme un outil de gouvernance locale, de surveillance du voisinage et des activités criminelles.» Une vache, un véhicule et surtout un enfant disparu… Et Chief Kariuki brandit son infaillible arme, le tweet. Souvent avec succès. Ses concitoyens lui sont souvent reconnaissants d’avoir permis de retrouver leur vache ou encore les voleurs qui les ont cambriolés. L'expertise de Francis Kariuki est désormais reconnue et sollicitée au Kenya.
Twitter, même sans disposer d’une connexion Internet fiable, s’avère un outil de communication très efficace pour ce responsable d'autorité locale. Le truc : les tweets arrivent comme des SMS sur les mobiles des administrés de Chief Kariuki grâce à une plateforme mise en place par l’opérateur de téléphonie mobile kényan, Safaricom.
Tweets via sms
L’idée de se tourner vers le réseau social de micro-blogging est né de son obligation, en tant que chef de village, de tenir deux réunions publiques par mois («barazas»). Pour éviter un affichage public trop onéreux, il a préféré gazouiller pour prévenir ses concitoyens. Francis Kariuki rejoint donc le réseau social en 2011. Sa timeline est devenu un moyen de propager l'information au sein de la communauté. «L'information, dit-il, c'est le pouvoir.»
Depuis novembre 2010, où l'ancien enseignant a pris en main les affaires de la localité de Lanet Umoja, sa motivation se résume en deux mots : «Servir les autres». Jusqu'ici, Twitter semble l'avoir beaucoup aidé dans sa tâche, et plus largement les progrès de la technologie que chaque administration publique devrait, selon lui, embrasser. Notamment pour lutter contre la corruption.
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