La Guinée tient son référendum constitutionnel malgré la peur du coronavirus
Pour le pouvoir guinéen, il ne peut être question d'un nouveau report. Le double scrutin législatif et constitutionnel aura donc bien lieu ce dimanche 22 mars.
Après avoir été reporté le 16 mars en raison du climat de tension extrême qui régnait dans le pays, le compte à rebours est de nouveau enclenché pour le double scrutin législatif et constitutionnel du 22 mars 2020. Pas question d'un nouveau report ont fait savoir les autorités guinéennes, malgré la crise du coronavirus.
"C'est inhumain"
Comme la plupart des pays africains, la Guinée a annoncé une série de mesures destinées à lutter contre la propagation du coronavirus dans le pays. Ces mesures ordonnées par le chef de l'Etat en personne entreront en vigueur dès le 21 mars à minuit. Mais elles n'empêcheront pas les Guinéens de se rendre aux urnes pour élire leur députés et se prononcer sur le projet d'une nouvelle Constitution à laquelle tient le président Alpha Condé. "C'est inhumain", dénonce l'opposition guinéenne.
Alors que tous les pays africains ferment écoles, lieux de culte et interdisent les regroupements, Alpha Condé maintient son double scrutin et expose les Guinéens à la pandémie. C'est inhumain
Cellou Dalein Diallo, chef de file de l'opposition guinéenneSur son compte Twitter
Les autorités guinéennes balayent ces inquiétudes et rassurent les Guinéens et la communauté internationale. A ce stade, affirme le ministre de l'Information, Amara Somparé, l'épidémie est sous contrôle. Il rappelle qu'une série de mesures sanitaires ont été prises. Elles concernent notamment l'espacement des électeurs dans les files d'attente et le lavage systématique des mains avant d'entrer dans les bureaux de vote.
Avec deux cas confirmés, dont l'un a heureusement été guéri, nous pouvons organiser ces élections législatives et référendaires dans un contexte sanitaire globalement maîtrisé
Amara Somparé, ministre guinéen de l'Informationà RFI
Pour l'opposition guinéenne, le référendum sur la Constitution dont il est question n'a d'autre objectif que le maintien au pouvoir du chef de l'Etat, Alpha Condé, qui achève ses deux mandats constitutionnels. Le nouveau texte pourrait remettre les compteurs à zéro et lui permettre de briguer un troisième mandat. La colère gronde parmi ses opposants. Ils refusent de cautionner ce qu'ils qualifient de "coup d'Etat constitutionnel". Ce dimanche 22 mars, non seulement ils boycotteront le scrutin, mais ils menacent aussi de saisir le matériel électoral dans les bureaux de vote.
C'est clair qu'il y aura de la bagarre. Et cela ne s'arrêtera pas au soir de cette mascarade électorale
Un opposant guinéenAu journal "Le Monde"
Une mission de la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui devait se rendre à Conakry, pour jouer les médiations, avant la tenue de ce scrutin a dû renoncer au voyage, officiellement en raison de la crise du coronavirus.
Un double scrutin à huis clos
Ces élections contestées devraient se dérouler à huis clos, en l'absence des observateurs de la Cédéao et de l'Union africaine. Les deux institutions s'étaient retirées du processus, après avoir constaté de graves irrégularités dans le fichier électoral qui comportait quelque 2,5 millions d'électeurs fictifs. Depuis, la commission nationale électorale guinéenne affirme avoir fait le nécessaire pour nettoyer le fichier. Pour l'opposition guinéenne, en l'absence de tout observateur indépendant, ce vote n'a plus aucune crédibilité.
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