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Covid 19 : comment la vente d’une villa à Malibu finance la campagne de vaccination en Guinée Equatoriale

La saisie de biens mal acquis appartenant au fils du président Obiang a rapporté 30 millions de dollars.

Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le vice-président de la Guinée Equatoriale Teodoro Nguema Obiang Mangue, alias Teodorin, à Pretoria, en Afrique du Sud, pour l'investiture du président sud-africain sortant Cyril Ramaphosa, le 25 mai 2019.  (MICHELE SPATARI / AFP)

Quelque 26 millions de dollars, rendus indirectement par Teodorin Obiang, fils aîné du président, serviront à acheter des vaccins contre le Covid-19 et des médicaments pour la Guinée Equatoriale. Cette somme est la recette de la vente de biens mal acquis aux Etats-Unis dans le cadre d’une enquête pour corruption. Ce n’est pas la première fois que le très riche vice-président de ce petit pays a des démêlés avec la justice internationale.

Une somptueuse demeure en Californie

Le scandale de corruption éclate en 2011. Dans le cadre d’un programme de lutte contre la kleptocratie, la justice américaine saisit des biens (lien en anglais) immobiliers et personnels de Teodorin Nguema Obiang. Le fils du président est accusé d’avoir profité de son poste de ministre à l'époque pour amasser une importante fortune, comme le souligne l'organisation Human Rights Watch (lien en anglais). Son patrimoine est estimé à près de 100 millions de dollars. Pour échapper à un procès pour corruption, le vice-président de la Guinée Equatoriale renonce à une partie de ses biens (lien en anglais) frauduleusement acquis, dont une somptueuse villa à Malibu, en Californie. Une manne de 30 millions de dollars. La plus grande partie de cette somme a été transférée par Washington à l’ONU qui s’occupera de la distribution de vaccins anti-Covid.

"Le fait que la vente d'une maison puisse financer une campagne de vaccination à l'échelle d’un pays met en évidence les coûts de la corruption"

Sara Saadoun, chercheuse à Human Rights Watch

à franceinfo Afrique

25 voitures de luxe en Suisse

Le même scénario ou presque a lieu en Suisse. Ouverture d’une procédure pénale en 2016 à l’encontre de Teodorin Obiang pour "blanchiment d’argent et gestion déloyale des intérêts publics". L’affaire est classée en 2019 avec en échange la vente aux enchères d’un important parc automobile. Les 25 voitures de luxe rapportent l’équivalent de plus de 24 millions de dollars. Ils seront reversés à "un programme à caractère social" en Guinée Equatoriale, sous le contrôle du ministère suisse des Affaires étrangères afin d'éviter un nouveau détournement. Le fils prodigue réussit par ailleurs à racheter l'un de ses bolides préférés, comme le rapporte le journal suisse Le temps.

Un patrimoine de 150 millions d'euros en France 

Si Teodorin Obiang roule sur l’or, il n’échappe pas toujours à la justice. En juillet 2021, il est définitivement condamné en France après 14 ans de procédure judiciaire. Les plaintes avaient été déposées par les associations Sherpa et Transparency international. Le verdict final prévoit trois ans de prison avec sursis, 30 millions d'euros d'amende et la confiscation de tous ses biens pour "blanchiment d'abus de biens sociaux, de détournement de fonds publics et d'abus de confiance". Son patrimoine frauduleusement acquis est estimé à 150 millions d’euros. Les avoirs seront restitués à la Guinée Equatoriale par le biais notamment de programmes de développement.

Connu pour son goût du luxe ostentatoire, Tedorin Nguema Obiang, 52 ans, est suspecté d’avoir acquis des résidences de luxe de plus de 500 millions à travers le monde. Sa fortune personnelle est difficile à estimer. Elle se compterait en milliards de dollars.

Vice-président depuis 2012, il devrait selon toute vraisemblance succéder à son père, Teodoro Obiang, qui dirige la Guinée Equatoriale depuis plus de 40 ans.

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