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Gabon : le pouvoir recule et maintient les critères d’attribution des bourses universitaires

Depuis le 8 avril 2019, étudiants, enseignants et lycéens gabonais manifestaient contre de nouveaux critères d’attribution des bourses d’étude universitaires préconisés par le gouvernement. Finalement, devant l’ampleur du mécontentement, la réforme vient d’être suspendue.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
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Police anti-émeute lors d'une manifestation d'étudiants à Libreville, le 10 avril 2019. (STEVE JORDAN / AFP)

Le bac ne suffit plus. Et pas question non plus de traîner en chemin. Le pouvoir voulait changer les règles, imposer une note minimum de 12 au bac et un âge maximum de 19 ans, avec l’espoir non avoué de faire des économies. Avant le décret, les étudiants gabonais ayant obtenu leur baccalauréat pouvaient légitimement prétendre à une bourse universitaire d'un montant mensuel d'environ 83 000 francs CFA (127 euros). La baisse des cours du pétrole en 2014 ayant asséché les finances publiques, le gouvernement a décidé que les étudiants devaient participer à l’effort. "Nous n'allons pas encourager la médiocrité", a lâché le Premier ministre Julien Nkogue Bekalé en présentant les mesures.

Des propos qui n’ont rien arrangé et provoqué une véritable bronca des élèves de tout le pays. Aux manifestations à répétition, le gouvernement a répondu, le 11 avril, par la suspension des cours dans l’ensemble des établissements scolaires publics. Et puis, finalement, le pouvoir a commencé à lâcher du lest. Mais pas pour tout le monde. Dans un premier temps, les baccalauréats techniques et professionnels ont été exclus du nouveau dispositif. Seul l’âge maximum pour les passer a été fixé à 27 ans. En revanche, les filières classiques sont restées concernées par la réforme. Il s’agissait pour le gouvernement "d'encourager davantage les jeunes Gabonais à embrasser des filières (...) plus techniques et professionnelles".

 La réforme "ne sera pas applicable cette année"

Le Parti démocratique gabonais a estimé qu’il y a une "inadéquation des formations aux besoins réels du pays". Son porte-parole n’y est pas allé par quatre chemins. "Nous devons cesser de mentir aux jeunes" et les "amener vers des filières porteuses".

Selon le gouvernement gabonais, les bourses universitaires coûtent 57 milliards de francs CFA par an à l’Etat (environ 8,7 millions d’euros). Pour Jean de Dieu Moukagni Iwangou, l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur, "la non suppression de la bourse pour résultats insuffisants, sans réorientation vers les filières compatibles avec le profil de l’étudiant, ont conduit à une spirale qui a fini par exploser l’enveloppe, et a abouti au financement de l’échec."

Mais finalement le pouvoir a reculé. La réforme "ne sera pas applicable cette année", a annoncé le ministre de l’Education à la télévision. Les cours doivent reprendre jeudi 18 avril. Mais la réforme n’est que suspendue. Un comité doit désormais plancher sur "les modalités de (sa) mise en œuvre". Une ouverture de dialogue, appréciée par les parents d’élèves, censée ramener le calme dans le pays.

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