Etranglé financièrement, le Zimbabwe va à nouveau faire tourner la planche à billets
Le pays, dirigé par Robert Mugabe depuis vingt-huit mois, subit une grave crise économique depuis plusieurs années.
Le Zimbabwe est étranglé par son manque de liquidités. Le gouvernement a donc décidé, jeudi 15 septembre, de lancer une nouvelle monnaie qui ne dit pas son nom. Elle sera indexée sur le dollar américain, mais certains craignent le retour à l'hyperinflation dans un pays déjà en pleine crise.
Le gouvernement de Harare, présidé d'une main de fer par Robert Mugabe depuis 1987, a adopté le dollar américain et le rand sud-africain en 2009, après une hausse des prix vertigineuse. Cette augmentation avait fait perdre toute sa valeur au dollar zimbabwéen.
Les distributeurs sont à sec
Mais le Zimbabwe se trouve désormais à court de dollars. Nombre de distributeurs d'argent automatiques sont hors service. La population est contrainte de faire la queue pendant des heures à la banque pour obtenir du liquide, dont les retraits sont strictement limités. L'Etat peine à verser à temps les salaires de ses agents, qui engloutissent 96,8% de son budget. Le gouvernement avait annoncé, la semaine dernière, la suppression de 25 000 postes de fonctionnaires, avant finalement de faire marche arrière.
Pour desserrer cet étau financier, la Banque centrale a annoncé, jeudi, l'introduction "d'ici fin octobre" de "billets d'obligation". Ils "serviront à se protéger contre ceux qui sortent les dollars américains du pays", a annoncé son gouverneur, John Mangudya. "D'ici la fin de l'année (...) 75 millions de dollars seront en circulation sous forme de 'billets d'obligation'", a-t-il avancé.
Des brouettes de billets dans les années 2000
Attendue depuis des mois, cette décision intervient alors que le pays est secoué depuis plusieurs semaines par une vague de manifestations contre Robert Mugabe. La question des "billets d'obligation" cristallise la colère des frondeurs, à bout après plus d'une dizaine d'années de crise économique. Les nouveaux billets pourront être utilisés pour payer les achats au Zimbabwe et se présenteront, dans l'immédiat, sous la forme de coupures de 2 et 5.
"Il est essentiel de souligner que l'introduction des billets d'obligations ne constitue en aucun cas un retour qui ne dit pas son nom au dollar zimbabwéen", a tenu à préciser le gouverneur de la banque centrale. Mais ses propos ne devraient pas suffire à rassurer les milieux économiques et la population, qui craignent le retour aux temps maudits de l'hyperinflation dans un pays financièrement à genoux. Dans les années 2000, les Zimbabwéens se déplaçaient avec des sacs, voire des brouettes, de billets pour faire leurs courses.
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