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Ethiopie : face à l’avancée des rebelles, l’Etat d’urgence est proclamé dans tout le pays

Les rebelles du Tigré ont spectaculairement renversé la situation militaire, et pourraient marcher sur la capitale Addis Abeba.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un char détruit lors des combats du mois de juin lors de la contre attaque des rebelles tigréens. (YASUYOSHI CHIBA / AFP)

Le conflit du Tigré a cette fois clairement débordé sur la région voisine d’Amhara, au sud. Dans une contre-offensive spectaculaire, les troupes du Front de libération du peuple du Tigré (FLPT) ont attaqué les soldats de l’Amhara, alliés d’Addis Abeba, et auraient pris le contrôle de deux villes, Dessie et Kombolcha à 400 km de la capitale éthiopienne.

Une information démentie par le gouvernement, et impossible à vérifier par les média qui ne peuvent pas accéder à la zone des combats. D’autant que les communications sont coupées avec le nord du pays.

Ce qui est sûr c’est qu’un vent de mobilisation générale souffle sur l’Ethiopie. Lundi soir à la télévision nationale, le Premier ministre Abiy Ahmed a appelé les citoyens à prendre les armes contre le FLPT. "Mourir pour l’Ethiopie est un devoir". "Les défis sont nombreux mais je peux vous dire avec certitude que nous remporterons une victoire totale", a lancé le prix Nobel de la paix 2019.

Mobilisation générale à Addis Abeba

A Addis Abeba, les autorités ont demandé aux habitants de faire enregistrer leurs armes et se préparer à défendre la ville. "Tous les habitants doivent s'organiser par blocs et quartiers pour protéger la paix et la sécurité dans leur zone, en coordination avec les forces de sécurité", a déclaré le responsable du département de la paix et de la sécurité de la capitale, Kenea Yadeta.

Car, désormais, les troupes du Tigré peuvent foncer sur la capitale, dans un spectaculaire revirement de situation. Début 2020, à l’issue d’une offensive éclair, l’armée nationale met au pas la très frondeuse région du Tigré et occupe sa capitale, Mekele. Addis Abeba destitue alors les autorités régionales et Abiy Ahmed peut proclamer la victoire le 28 novembre.

Pourtant les rebelles n’avaient pas déposé les armes, rejetant la fin d’un conflit annoncé unilatéralement. Et au début de l’été le FLPT reprend Mekele et contrôle la région. Mais il ne s’arrête pas là, et pousse son avantage vers les deux régions voisines de l’Afar et de l’Amhara.

Renversement de situation

 Le porte-parole du FLPT, Getachew Reda a assuré que les forces rebelles n’avaient pas d’autres intentions "que de briser le siège meurtrier" sur le Tigré. Il est vrai que l’ONU ne cesse d’alerter sur la situation des populations menacées par la famine.

Du reste, la situation humanitaire reste préoccupante au Tigré. Depuis le 18 octobre, aucun convoi d’aides n’a atteint la région. Mais la situation devient critique également dans l’Amhara où s’est déplacé le conflit. Selon les Nations unies la nourriture, les médicaments, l’eau potable font défaut et sont réclamés de toute urgence.

"L'acheminement de l'aide humanitaire d'urgence a été entravé par l'insécurité persistante ainsi que par la présence limitée des partenaires humanitaires", précise l’organisation.

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