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Sénégal: Ndem, un village, une ONG, une éthique

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour

Quand une photographe française rencontre des villageois sénégalais dans une localité située à 120 km à l'est de Dakar...

Dans le cadre d’un reportage sur les écovillages au Sénégal, la photographe Nathalie Guironnet s’est rendue dans la région du Baol pour rencontrer les villageois de Ndem, à 120 km à l'est de Dakar. Cette communauté "tente de répondre à sa manière à des problématiques universelles grâce à une réflexion sur la ruralité, l'agro-écologie, le partage des ressources ou l'artisanat éthique".

15 photos de Nathalie Guironnet illustrent ce propos.

reconnue d'utilité publique depuis 2006, regroupe 15 villages autour de Ndem et compte environ 4.600 membres. Créatrice d’emplois et génératrices de revenus, elle fait bénéficier de son action à plus de 9.000 personnes. (Nathalie Guironnet)
(arrière-arrière-petit-fils du fondateur de Ndem), et de son épouse d’origine française, Sokhna Aissa Cissé, l’Association des Villageois de Ndem est créée afin d’instaurer une dynamique collective. Son but est d’améliorer les conditions de vie des populations», explique l’ONG. «Toutes les infrastructures (de santé, d'éducation et de formation) présentes à Ndem ont été initialement créées grâce à des fonds privés issus de la collaboration villageoise et des dons, avant qu'une partie ne soit prise en charge par l’Etat», explique Fatou, une habitante d’origine franco-américaine arrivée au village en 2003. (Nathalie Guironnet)
et les grandes villes du pays en offrant aux villageois la possibilité de profiter de leurs terres. Le développement économique et social du territoire et la création d'activités génératrices d'emplois en sont la finalité. «Au milieu des années 80, la région de Djourbel au nord-ouest du Sénégal traverse une crise majeure liée à la détérioration des conditions climatiques et économiques qui entraîne un exode rural important. La sécheresse empêche les paysans de cultiver leurs terres, les laissant sans ressources. Les hommes sont contraints de quitter femmes et enfants pour chercher du travail dans les grandes villes côtières. C'est dans ce contexte particulièrement difficile que Serigne Babacar et Aïssa Cissé Mbow arrivent dans la région en 1984 après des années passées en France», précise le Trade for Development Centre, programme de l’Agence belge de développement (CTB). (Nathalie Guironnet)
L'accès à l'eau potable a été sa première priorité. Aujourd’hui, deux forages à Ndem et à Ngaga Serer alimentent onze villages et permettent ainsi l'irrigation des champs dans une région très marquée par la sécheresse. (Nathalie Guironnet)
pouvoir accéder aux soins de base est l’une des préoccupations de Ndem. Un dispensaire et une maternité (avec une sage-femme d’Etat) et un dispensaire (5.000 patients par an) ont été créés. Des campagnes de santé publique sont régulièrement menées. En ce qui concerne la  scolarisation, elle est indispensable pour les enfants. «300 élèves sont scolarisés en primaire chaque année.» Crèche, maternelle, collège, bibliothèque et cantine scolaire ont ainsi vu le jour, comme un centre de formation professionnelle en artisanat pour adultes. Au départ, les cours étaient enseignés par des bénévoles. Maintenant ce sont des instituteurs d'Etat qui assurent l’éducation.  (Nathalie Guironnet)
Grâce à la ferme pédagogique, le reboisement des terres et les pépinières, la production agricole a pu se développer et se diversifier. «On réimplante aussi des essences d’arbres et des plantes qui avaient disparu», explique une villageoise. Cette agro-écologie a permis aux habitants de se nourrir mais aussi d’augmenter leurs revenus.   (Nathalie Guironnet)
«Si la ferme pédagogique est en création, 8,5 hectares de terrain offerts à la communauté sont d’ores et déjà grillagés et une partie est cultivée; à terme, un éco-village productif verra le jour autour d’une ferme agro-écologique: cheptel bio, arbres brise-vent, alternance d’arbres fruitiers et arbres fertilitaires, réintégration des essences d’arbres locales, comme le jujubier, maraîchage bio et bassins de pisciculture, parcelles de plantes fourragères et parcelles particulières pour les cultures fragiles, telles le coton.» (Nathalie Guironnet)
Une association, Eco jeune solidaire, formée par la jeunesse instruite de Ndem,  participe à la sensibilisation de la population sur des sujets comme l’utilisation des OGM», précise Nathalie Guironnet. «La formation de la population aux techniques d’agro-culture sera initiée avec l’aide de l’association SOL qui fait partie du réseau Biofermes internationales. Cette association les aide à écrire le projet et à rechercher des fonds.» (Nathalie Guironnet)
grâce à un combustible écologique Bioterre, composé d’argile naturelle et de coque d’arachide. «L’électricité fonctionne au solaire, à l’électrique et au gasoil», ajoute la photographe. L’ONG s'est dotée de fonds pour constituer une caisse d'épargne grâce à laquelle des microcrédits peuvent être proposés aux villageois. Cette microfinance permet d’encourager la création d'activités économiques. (Nathalie Guironnet)
Maam Samba, le centre des Métiers de Ndem, regroupe une douzaine d'ateliers et près de 300 salariés. 400 types de produits y sont fabriqués. L’une des deux principales filières d'activité est le textile avec des ateliers de tissage, de teinture, de confection de vêtements, de confection d’accessoires et d’ameublement. L’autre branche artisanale regroupe les ateliers du cuir, du métal, du bois et de la vannerie. La majorité des artisans travaille dans la filière textile et vannerie. Près de 60% sont des femmes, précise le site Artisans du Monde.
  (Nathalie Guironnet)
Elle se souvient encore de sa rencontre avec une grand-mère qui avait une égreneuse traditionnelle: «Au village, tout a commencé avec une machine à coudre rapportée de France par Serigne Babacar. Les agriculteurs sont devenus tailleurs! Aujourd’hui, on apprend dans les ateliers la teinture, la couture, la vannerie, la création de bijoux, la transformation des fruits en confitures. Les matériaux sont produits et vendus dans des conditions et dans un cadre équitable à travers un réseau de boutiques au Sénégal, en France, en Italie, en Suisse.»  (Nathalie Guironnet)
dont les responsables ont découvert l'ONG sénégalaise via leur boutique parisienne où travaillait la mère d'Aïssa Cissé. Elle raconte: «Nous avions choisi de faire travailler les artisans dans de bonnes conditions de rémunération, dans le cadre d'un projet concerté pour atteindre nos objectifs initiaux. Nous ne savions pas que nous faisions du commerce équitable. On est venu nous le dire!» (Nathalie Guironnet)
héritée des traditions sénégalaises, explique Sokhna Aissa Cissé. «Notre religion (le courant Baye Fall) prône des valeurs de tolérance, de travail, de respect, et nous a guidés dans nos actions. Nous avons constitué cette communauté autour de ces croyances et de ces valeurs, et elles sont le moteur de l’association. Elles nous ont permis d’avancer malgré les conditions difficiles. (…) La notion de solidarité est une valeur importante, mais les rapports commerciaux doivent être complétés par des échanges culturels et spirituels, car c’est ce qui fait la richesse et l’intérêt des échanges internationaux», précise son mari Serigne Babacar Mbow. (Nathalie Guironnet)
compagnon et ami du fondateur du Mouridisme (une confrérie soufie), Ahmadou Bamba Mbacké. Ils sont éparpillés dans tout le Sénégal et regroupés en dahiras. On les confond parfois avec les rastas de Jamaïque car ils sont coiffés comme eux avec des dreadlocks. Dans le village de Ndem, les Baye Fall représentent environ 10% de la population. Les membres de cette «confrérie soufie vivent leur spiritualité et rendent hommage à Dieu par le travail physique et par la dévotion. C’est aussi cette philosophie de la vie qui a contribué à développer Ndem et d’autres régions du Sénégal, à améliorer les conditions de vie, parce qu’elle invite à un travail qui, accompli avec ferveur, rencontre un sens ultime», explique Juliette Kempf du site Reporterre. (Nathalie Guironnet)
encourage le tourisme responsable à travers le respect de l’environnement. Trois villageois y sont employés et 10% des gains reversés à l’ONG Ndem pour le développement du village. Mais d’autres problèmes restent à régler comme, par exemple, l’accès aux villages car la région est enclavée, précise la photographe Nathalie Guironnet. (Nathalie Guironnet)

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