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Mozambique: au parc du Limpopo, on déplace les villages pour attirer les fauves
Le Mozambique se rêve en terre de safari, à l'image de son grand voisin sud-africain. Avec lui et le Zimbabwe, ils partagent le parc transfrontalier du Limpopo. Mais les fameux «big five» semblent déserter le côté mozambicain. Alors il s'agit de les attirer, quitte à déplacer les populations locales.
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Au Mozambique, on a retenu la leçon du prestigieux parc Kruger qui s’y connaît en gestion touristique. Pour faire venir les touristes, il faut attirer le must de la vie sauvage africaine, les fameux «big five»: éléphants, buffles, rhinocéros, léopards et lions. Ces animaux que tout safariste digne de ce nom veut immortaliser sur son appareil photo. Et qui semblent préférer le côté sud-africain du parc.
C’est l’enjeu touristique du parc du Limpopo au Mozambique. Fondée il y a 17 ans, la réserve est à cheval sur trois pays: Mozambique, Afrique du Sud et Zimbabwe.
Or, la réserve a beau mesurer 35.000 km², pour attirer et protéger les animaux, il faut supprimer la présence humaine. Alors, au Mozambique, on n’hésite pas à déplacer les villages à l’extérieur du parc. Depuis 2011, trois ont déjà été déménagés et cinq autres doivent suivre. On installe hommes et bétail dans une zone tampon en périphérie. Adieu habitat traditionnel, les maisons sont en parpaings.
Et surtout, on peut ainsi mieux lutter contre le braconnage qui, selon les rangers interrogés par RFI, est pratiqué par certains de ces habitants. La barrière qui protège les villages des animaux empêche également le pâturage des troupeaux à l’intérieur du parc. Selon les gestionnaires du Limpopo, cette politique est un succès. Les conflits entre hommes et animaux auraient baissé de 70%.
Mais certains villageois ne l’entendent pas ainsi et refusent d’être déplacé. C’est le cas notamment à Mavodze, le plus gros village de la réserve qui doit bientôt être déménagé. 720 maisons doivent être construites dans une nouvelle zone d’habitat. Selon l’agence mozambicaine CIVILINFO, la communauté de Mavodze accuse les gestionnaires du parc d’introduire des lions pour les forcer à partir. Les fauves auraient selon eux tué plus de 500 têtes de bétail en une année. Les villageois réclament des compensations financières pour les pertes, de la même façon que les fermiers doivent payer pour tout animal tué. En outre, selon la population, les négociateurs pourraient jouer sur la peur des habitants et baisser le niveau des compensations offertes.
Autant d’assertions rejetées en bloc par le directeur du parc, Cornélio Coelho Miguel. Selon lui, l’augmentation du nombre des animaux sauvages est due à la gestion écologique rigoureuse de la réserve. Il a également précisé que les éleveurs seraient indemnisés. Enfin, il rappelle que les populations locales perçoivent 20% des recettes touristiques. A en juger par la vidéo ci-dessous, produite par les gestionnaires du parc, le nouveau cadre de vie des populations déplacées est un vrai paradis.
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