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Egypte: pourquoi les coptes sont-ils la cible de Daech?

Le groupe islamiste a fait de la communauté copte d’Egypte son ennemi numéro un. Du coup les attentats se multiplient. Les deux derniers, le 9 avril 2017, ont fait au moins 44 morts. Chrétiens en terre musulmane, les coptes sont des cibles régulières des extrémistes. Et Daech, en perte de vitesse, profite de la semaine sainte pour faire sa propagande.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Enterrement d'une victime de l'attentat du 9 avril 2017 à Alexandrie. (MOHAMED EL-SHAHED / AFP)

 
Une affaire de calendrier
Le pape François a prévu de se rendre en Egypte les 28 et 29 avril 2017. Il se rendra au Caire pour dialoguer notamment avec le grand imam de la mosquée d'al-Azhar, cheikh Ahmed al-Tayeb, l'un des plus grands représentants de l'islam sunnite.
 
Le contexte de la visite du pape est une occasion pour les islamistes de faire parler d’eux. La semaine pascale en est une autre. D’ailleurs, c’est le jour de la fête des rameaux, qui marque le début de la semaine sainte, que Daech a attaqué. La stratégie des terroristes est de laisser planer une menace sur l’ensemble des festivités de la semaine. Pâques étant plus symbolique que le dimanche des rameaux, la sécurité allait sûrement être mieux assurée. Aussi, les djihadistes ont probablement décidé de frapper tout de suite.
 
Alliés d’al-Sissi
Cette visite placée sous le signe de la paix est semble-t-il intolérable pour Daech. Pour le numéro trois du Vatican, Angelo Becciu, ces deux attentats constituent «une attaque au dialogue, à la paix». Il y voit également «un message indirect à qui gouverne le pays, contre la minorité chrétienne». Une minorité qui aurait gagné trop de liberté ces derniers temps.
 

Ce que confirme Frédéric Pons, spécialiste du Moyen-Orient à l’hebdomadaire Le Point (lien payant). «Face à une majorité sunnite, l'autocratie est préférable. Comme Saddam Hussein ou Bachar al-Assad, al-Sissi, c'est un moindre mal. Il a montré son attention, sa sollicitude à l'égard des chrétiens. Mais chacun de ses discours empathiques à leur égard est ressenti comme une déclaration de guerre de plus par les djihadistes.»
 
Une victime éternelle
La liste des attaques est longue. Déjà en 2005, et alors que l’Etat d’urgence était de rigueur, des islamistes attaquaient l’église Saint George d’Alexandrie. La vindicte se portait également contre des commerçants. Les milieux coptes d’Europe n’hésitaient pas à parler de «pogroms anti-chrétiens». A l’époque, les plus excités réclamaient la destruction de l’église chrétienne.

«Au total, sept édifices religieux ont été saccagés (toutes confessions chrétiennes confondues), des dizaines de magasins appartenant à des chrétiens ont été détruits, ainsi qu'une école et un hôpital», rapporte l’Association des coptes d’Europe, un bilan confirmé par Le Monde (article payant).
 
Les coptes sont aussi des cibles faciles. Car malgré l’empathie de façade présentée par le maréchal al-Sissi, la minorité chrétienne n’est pas plus protégée que sous Morsi. Pire même, la guerre menée contre Daech par l’armée dans le Sinaï est un échec. Les militants pourchassés se sont réfugiés plus à l’ouest, dans des zones plus peuplées. Les coptes sont de plus en plus marginalisés, leur part dans la population ne cesse de décroître.

Fort de sa puissance, Daech, dans une vidéo de propagande diffusée en février 2017, a déclaré que les coptes sont sa première cible et sa proie préférée.

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