Egypte : l'armée donne 48 heures pour "satisfaire les revendications du peuple"
Le chef d'état-major de l'armée égyptienne accorde deux jours aux responsables politiques pour "satisfaire les demandes du peuple", après les manifestations massives de ce week-end.
L'armée sort de sa réserve. Le chef d'état-major de l'armée égyptienne a accordé, lundi 1er juillet, 48 heures aux responsables politiques pour "satisfaire les demandes du peuple", expliquant que celles-ci ont été exprimées d'une manière "inédite" et que le pays ne peut plus se permettre de perdre du temps.
L'armée prend implicitement la défense des opposants
Dans une déclaration lue à la télévision, le général Abdel Fattah Al-Sissi n'a pas demandé explicitement la démission du président Mohamed Morsi, principale revendication des opposants qui ont manifesté par millions dimanche. Il a en revanche déclaré que l'armée présenterait sa propre "feuille de route" pour sortir de la crise si les politiques n'arrivent pas à s'entendre. Lundi, au moins 16 personnes ont été tuées dans le pays en marge des manifestations.
Le général Al-Sissi a ajouté que l'armée, qui a géré la transition entre la chute d'Hosni Moubarak en février 2011 et l'élection de Mohamed Morsi l'été dernier, ne souhaitait plus s'impliquer en politique ou au gouvernement.
La rue a interprété cette déclaration comme une victoire. Peu après l'intervention du chef d'état-major, les manifestants rassemblés sur la place Tahrir ont laissé exploser leur joie. L'opposition a ainsi salué le choix de l'armée de "se ranger du côté du peuple". Les Frères musulmans, parti dont est issu Mohamed Morsi, ont pour leur part dit "étudier" cette annonce de l'armée.
Les anti-Morsi exigent sa démission sous 24 heures
"Le peuple veut la chute du régime", scandaient dimanche les manifestants sur la place Tahrir, au cours de défilés qui ont fait seize morts. Lundi, l'opposition a solennellement demandé au président Mohamed Morsi de quitter le pouvoir. Une exigence doublée d'un ultimatum de 24 heures.
Fort d'une pétition ayant rassemblé 22 millions de signatures et réclamant le départ du président, le mouvement Tamarrod (rébellion, en arabe) a posé un ultimatum. "Nous donnons à Mohamed Morsi jusqu'à mardi 2 juillet à 17 heures pour quitter le pouvoir et permettre aux institutions étatiques de préparer une élection présidentielle anticipée", a affirmé ce groupe de gauche nationaliste sur son site internet. En cas de refus, "mardi 17 heures sera le début d'une campagne de désobéissance civile totale".
Avec le soutien de nombreuses personnalités et de mouvements de l'opposition laïque, libérale ou de gauche, l'appel de Tamarrod a mobilisé massivement. Le mouvement appelle désormais l'armée, la police et l'appareil judiciaire à "se positionner clairement du côté de la volonté populaire représentée par [ces] foules".
Des défections au sein du gouvernement
Mohamed Morsi est de plus en plus isolé politiquement. Lundi, quatre ministres ont présenté leur démission. Il s'agit des ministres du Tourisme, des Télécommunications et des Technologies de l'information, des Relations avec le Parlement, et de l'Environnement.
Leurs motivations n'ont pas été précisées, mais l'agence égyptienne Mena avait auparavant rapporté que des ministres songeaient à rendre leur tablier par solidarité avec les manifestants.
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