Egypte : 10 hommes armés tués par les forces de sécurité dans le Sinaï en 48 heures
Par ailleurs, des heurts entre pro et anti-Mohamed Morsi, président islamiste déchu, ont éclaté dans la nuit de samedi à dimanche.
Les forces de sécurité égyptiennes ont tué dix "terroristes" armés et en ont capturé vingt autres dans la péninsule du Sinaï au cours des dernières quarante-huit heures. C'est ce qu'a indiqué dimanche 28 juillet l'agence de presse officielle Mena.
"Les opérations de sécurité menées par les forces armées et la police dans le nord du Sinaï pour pourchasser des terroristes armés [ont eu pour résultat] la liquidation de dix de ces éléments terroristes armés", a indiqué l'agence citant une source de sécurité. "Les forces ont également réussi à capturer 20 de ces éléments", ajoute la même source.
Pourquoi le Sinaï est une zone sensible ?
Le Sinaï a enregistré un fort regain de violence depuis le renversement par l'armée le 3 juillet du président islamiste Mohamed Morsi. La péninsule est majoritairement peuplée de Bédouins qui entretiennent des relations difficiles avec le pouvoir central. La région connaît également un regain d'activité de groupes radicaux islamistes qui s'en servent comme base arrière pour des opérations contre Israël. Les forces de sécurité sont la cible quasi quotidiennement d'attaques dans cette zone, où la sécurité s'est détériorée depuis la révolte de 2011 qui a conduit à la chute de l'ex-président Hosni Moubarak.
Des violences sporadiques à Port-Saïd
Des accrochages ont éclaté aussi dans la nuit de samedi à dimanche dans plusieurs endroits du pays, notamment à Port-Saïd, à l'entrée nord du canal de Suez, où quinze personnes ont été blessées dans des heurts entre pro et anti-Morsi, selon l'agence officielle Mena. Un médecin hospitalier contacté sur place par l'AFP a dit avoir vu "cinq blessés, deux dans un état grave avec des blessures par balles au cou et au ventre". Port-Saïd est l'une des villes les plus sensibles d'Egypte depuis un match de football tragique début 2012 qui avait coûté la vie à quelque 70 personnes. La cité portuaire a depuis été le théâtre de nombreux affrontements sanglants sur fond de tensions liées au sport et à la politique.
Le siège local des Frères musulmans à Menoufeya, dans le delta du Nil, a été incendié dans la nuit à la suite d'incidents entre les deux camps, ont également rapporté des médias.
Le pouvoir menace de disperser les rassemblements islamistes au Caire
Par ailleurs, les partisans du président égyptien déchu se déclarent dimanche déterminés à poursuivre leur mobilisation, au lendemain de la mort de 72 personnes dans des affrontements avec la police.
Aux abord de la mosquée de Rabaa al-Adawiya, dans le nord-est du Caire, plusieurs milliers de pro-Morsi installés là depuis un mois ont passé une nouvelle nuit dans un village de tentes, au milieu d'affiches et de banderoles à l'effigie de Mohamed Morsi.
Ignorant la menace des autorités de mener une action de force "très prochainement", certains scandaient "Sissi dégage !" à l'adresse du chef de l'armée et nouvel homme fort du pays, le général Abdel Fattah al-Sissi. Le ministre de l'Intérieur Mohamed Ibrahim a promis une intervention "dans le cadre de la loi" avec "le moins de pertes possible". Il a appelé les protestataires à quitter les lieux d'eux-mêmes "pour éviter que le sang ne coule".
Les ONG dénoncent le "mépris criminel" des autorités "pour la vie humaine"
Le bilan de 72 morts des affrontements de samedi matin au Caire est le plus lourd depuis la destitution par l'armée de Mohamed Morsi le 3 juillet. Les affrontements, dont les deux camps se sont rejeté la responsabilité, ont éclaté quelques heures après la dispersion des manifestations massives rivales vendredi des partisans de l'armée et des Frères musulmans.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est dit "très inquiet" par cette dernière "explosion de violence", qui porte à plus de 300 le nombre de tués dans les troubles politiques en un mois. L'organisation Human Rights Watch a dénoncé un "mépris criminel" des autorités "pour la vie humaine". Ces morts montrent "une volonté choquante de la part de la police et de certains [responsables] politiques de faire monter d'un cran la violence contre les manifestants pro-Morsi", a estimé le directeur de HRW pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
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