Zimbabwe : des centrales solaires pour lutter contre les sempiternelles coupures d'électricité
Depuis des mois, le pays d'Afrique australe fait face à des coupures du réseau qui atteignent parfois 24h d'affilée.
La ZETDC, Compagnie zimbabwéenne d'électricité et de transport de l'énergie, a lancé des appels d'offres pour la construction de centrales solaires, d'une puissance totale de 500 mégawatts (MW), a rapporté Reuters le 18 mai 2020. Ces appels d'offres rentrent dans le cadre d'une campagne destinée notamment à mettre fin aux coupures de courant. Provisoirement, la situation s'est améliorée en raison des mesures de lutte contre le coronavirus qui ont eu pour conséquence un arrêt du nombre d'équipements industriels fonctionnant à l'électricité.
Barrages à sec
Depuis 2019, le pays subit de fréquentes coupures d'électricité, qui atteignent parfois 24h d'affilée, ce qui n'a pas empêché les autorités d'augmenter les prix du courant... de 300%, selon l'agence d'Etat turque Anadolu. En cause, une sécheresse très importante qui sévit en Afrique australe. Le manque de précipitations a entraîné une baisse du niveau des barrages hydroélectriques, l'une des principales ressources énergétiques. Actuellement, celui de Kariba (nord), le plus important avec une capacité de 1 050 MW, ne produit que 600 MW. En décembre 2019, l'agence Associated Press (AP) rapportait que le lac Kariba, l'un des plus grands plans d'eau artificiels au monde, n'était plein qu'à 10% de sa capacité, alors qu'habituellement, à cette époque, il l'est à 55%.
Dans le même temps, les centrales thermiques du pays vieillissantes tombent très souvent en panne, notamment celle de Hwange (nord-est). Par ailleurs, le Zimbabwe, empêtré depuis des décennies dans une grave crise économique, à court de devises étrangères et très endetté, a dû réduire ses importations de courant. En temps ordinaire, la compagnie sud-africaine Eskom lui fournit une puissance de 400 MW par jour (à noter que l'Afrique du Sud est elle aussi très touchée par la crise économique et la sécheresse). Le Zimbabwe est également alimenté par le barrage de Cahora Bassa au Mozambique, rappelle l'agence Bloomberg. Et ce à hauteur de 50 MW.
Ces dernières semaines, la crise du coronavirus a entraîné un ralentissement considérable de l'économie. Ce qui a provoqué une baisse... de la consommation de courant. Permettant ainsi d'améliorer la situation sur le front de l'électricité.
Le solaire plutôt que le bois
Actuellement, le Zimbabwe produit quotidiennement 987 MW, selon Reuters, "pour une demande en période de pointe évaluée à 2100 MW", rapporte Capital. La demande surpasse donc largement l'offre.
Conséquence : les Zimbabwéens "reviennent à une combinaison de sources d'énergie anciennes et nouvelles : le bois de chauffage pour la cuisine et le solaire pour la lumière", observe l'agence AP. Pour le ministre de l'Energie Fortune Chasi, cité par l'agence, il est préférable d'avoir recours au solaire plutôt qu'au bois "pour sauver nos forêts et l'environnement". Un constat que les écologistes ne contrediront pas... Car les coupures d'électricité ont accéléré une déforestation déjà très importante : 330 000 hectares de forêts disparaîtraient ainsi chaque année.
A la remorque des initiatives de la société civile, les autorités zimbabwéennes disent vouloir désormais favoriser le solaire. Résultat : la ZETDC a annoncé le lancement d'un appel d'offres de centrales solaires pour une puissance totale de 500 MW. Ces équipements "de capacités variables" seront installés "à différents endroits stratégiques", précise la société d'Etat. Laquelle ne précise pas ces "endroits stratégiques".
Les panneaux photovoltaïques coûtent cher
D'autres mesures avaient été prises antérieurement. Selon le ministre de l'Energie cité par AP, le gouvernement a supprimé les droits de douane sur les panneaux photovoltaïques et autres accessoires, et encourage désormais la construction de bâtiments qui s'en équipent. Il estime avoir besoin d'une aide de trois milliards de dollars pour atteindre ses objectifs de développement de cette énergie dans le cadre de l'accord de Paris.
Un chose est sûre, comme l'a constaté AP, à Harare, la capitale, on trouve désormais un peu partout des panneaux photovoltaïques. Mais le coût des équipements reste encore un frein à leur développement. Comme l'explique un habitant de Glen Norah, banlieue densément peuplée de Harare, "je m'habitue (à cette énergie). Mais cela reste pour les riches. Je ne peux pas alimenter mon réfrigérateur, ma cuisinière et le reste avec le solaire." Et de conclure : "Je n'ai pas les moyens nécessaires pour couvrir mon toit de panneaux photovoltaïques comme les riches."
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