Soudure alimentaire à haut risque au Sahel
Les récoltes de septembre sont encore loin, et la famine guette. Selon les estimations du Programme alimentaire mondial (PAM), le nord du Mali, le Niger, le Tchad et le nord du Nigeria sont touchés. Le phénomène concerne dix millions d’habitants. «Les gens ont perdu leurs récoltes, leur bétail et la capacité de survivre par eux-mêmes», précise Thomas Yanga, le directeur du PAM pour l’Afrique de l’Ouest.
Le Niger, une fois encore, est un des pays les plus menacés. Conséquence inattendue de la sécheresse, la désertion des écoles par les enfants d’éleveurs. Selon l’ONU, 33.000 élèves ont abandonné leurs études pour suivre leurs parents à la recherche de nouveaux pâturages. La région de Zinder est la plus touchée par la sécheresse.
Mais ces mouvements ne sont pas sans conséquence. Autour des points d’eau, la concentration du cheptel est de plus en plus élevée. C’est le cas au Burkina Faso, à l’extrême nord du pays au forage Christine. Ici se retrouvent les éleveurs de tous les pays limitrophes : Niger et Mali, et bien sûr du Burkina. La pression est forte, en rapport avec la concentration du bétail, et les limites sont atteintes.
Aide en Mauritanie
En Mauritanie, le PAM a pu fournir de l’aide à près de 77.000 Mauritaniens. Jean-Noêl Gentile, le représentant de l’institution onusienne dans le pays, pense pouvoir passer la période de soudure. «Cela va également nous permettre d’étudier des solutions à long terme pour les Mauritaniens qui sont confrontés à la malnutrition saisonnière au-delà des seuils critiques, et qui souffrent des crises alimentaires récurrentes causées par les bouleversements qui secouent l’ensemble du Sahel».
La crise alimentaire n’est pas une nouveauté dans la région. L’agriculture est dépendante des précipitations, mais les causes naturelles ne sont pas seules responsables des crises alimentaires. Outre l’instabilité politique, le manque de gestion de l’eau ne permet pas de lutter contre les effets de la météo. Ici, pas de plan B. S’il ne pleut pas, il n’y a pas de récolte.
Le Tchad a également lancé un appel à l’aide internationale. Ici, plus de 40 % des ménages de la bande sahélienne, soit plus de 2 millions d’habitants, sont en insécurité alimentaire (en octobre 2016). A une malnutrition chronique qui touche un enfant de moins de six ans sur quatre, s’ajoute la crise alimentaire de cette année. Cette fois, 12% de ces enfants souffrent de la famine.
Un million de dollars pour le Tchad
Un fonds d’un million de dollars a été débloqué par la Banque africaine de développement. Dans l’urgence, pour la période de soudure, les acteurs proposent de fournir une assistance à 315.000 personnes les plus vulnérables. Une dotation en vivres, mais également une aide financière. Il s’agit d’éviter que les familles, dans un acte de survie, ne vendent des actifs productifs comme le bétail, ou contractent une dette qu’ils mettront des années à rembourser. L’aide, selon la BAD, doit avoir aussi un effet d’entraînement sur l’économie. Ainsi, 1273 tonnes de sorgho seront achetées sur les marchés locaux du Tchad.
Comme on le voit, la rapidité de réaction est un facteur aussi important que le volume de l’aide pour sauver les populations. Dans une période critique, comme celle de la soudure, cette rapidité est indispensable.
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