"Dette cachée", le scandale qui a plongé le Mozambique dans la pire crise financière
L’une des plus grandes affaires de corruption est jugée actuellement dans le pays.
Dix-neuf personnes accusées de chantage, faux, détournement de fonds et blanchiment, doivent être entendues dans le procès de l’affaire dite de la dette cachée. Un scandale de prêts occultes de plus de deux miliards de dollars qui a précipité le Mozambique dans une crise financière grave en 2016.
Un tribunal dans une prison
Les audiences prévues sur deux mois auront lieu dans un tribunal de fortune, une tente installée dans l'enceinte de la prison de haute sécurité de Machava. C’est ici que se trouve en détention provisoire, depuis plus de deux ans, Ndambi Guebuza, fils de l’ancien chef de l’Etat Armando Guebuza qui a dirigé le pays de 2005 à 2015.
Il est l’un des principaux accusés dans cette affaire de corruption qui agite le pays depuis des années. Selon le parquet, Armando Ndambi Guebuza a reçu la plus grosse part de l'argent public détourné. Des pots de vin d’au moins trente millions de dollars.
"Quiconque s'associe en bande pour voler l'État n'est pas au service de l'État. Les accusés ont agi de connivence, plaçant leurs intérêts privés au-dessus des intérêts de l'État"
Ana Sheila Marrengula, procureure de la République du MozambiqueActe d'accusation
Une affaire de prêts cachés
Les faits remontent à 2013 et 2014. Ces année-là, trois entreprises publiques mozambicaines – ProIndicus, Ematum et Mam – ont contracté pour plus de deux milliards de dollars de prêts, notamment auprès du Crédit suisse et de la banque russe VTB pour financer des projets de surveillance maritime, de pêche et de chantiers navals.
Cette opération qui a eu lieu en catimini aurait couvert une vaste entreprise de corruption au profit de proches du pouvoir. Ndambi Guebuza est soupçonné d'avoir joué les "facilitateurs" auprès de son père président.
Dette et crise financière
L'affaire éclate en 2016, lorsque le gouvernement reconnaît avoir emprunté plus de deux milliards de dollars sans prévenir le Parlement, ni ses bailleurs de fonds. Aussitôt, le FMI et la plupart des partenaires financiers du pays, l’un des plus pauvres du monde, gèlent leur aide.
Maputo est contraint d'interrompre le remboursement de sa dette et sa devise locale, s'effondre. Le jeune Etat plonge ainsi dans la plus grave crise financière depuis son indépendance en 1975.
Des procès en série
Ce scandale, dit de la "dette cachée", est à l'origine de plusieurs autres procédures judiciaires aux Etats-Unis, en Suisse et au Royaume-Uni.
L’affaire éclabousse même l’actuel président. Filipe Nyusi a été mis en cause lors d’un procès aux Etats-Unis. Ancien Ministre de la Défense à l'époque des faits, il a été accusé d'avoir touché des commissions occultes pour financer sa campagne électorale en 2014. Le parti au pouvoir, le Front de libération du Mozambique (Frelimo) a nié ces allégations.
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