Dix candidats exclus de la présidentielle égyptienne
A cinq semaines de premier tour, 10 des 23 candidats à la succession de Moubarak sont disqualifiés en raison d'irrégularités dans leurs dossiers.
Les cartes sont rebattues. La commission électorale égyptienne a définitivement exclu mardi 17 avril dix des candidats à la présidentielle de mai. Parmi eux, les trois principaux postulants : l'ancien vice-président, Omar Souleimane et les islamistes Khairat al-Chater et Hazem Abou Ismaïl. Ces disqualifications bouleversent le paysage politique à cinq semaines du premier tour, qui se tiendra les 23 et 24 mai.
La commission avait annoncé samedi 14 avril avoir écarté les dix hommes en raison d'irrégularités dans leurs dossiers de candidature. Ils avaient 48 heures pour contester cette décision.
• Pourquoi sont-ils disqualifiés ?
L'islamiste Khairat al-Chater, incarcéré jusqu'en mars 2011, a été écarté en raison d'une loi stipulant que toute personne ayant été condamnée à de la prison doit attendre six ans à partir de la fin de sa peine ou de la date de sa grâce avant de pouvoir retrouver ses droits civiques. Le richissime homme d'affaires choisi par les Frères musulmans pour les représenter a réagi en appelant les Egyptiens à se tenir prêts "à descendre pour protéger la révolution, parce qu'elle s'expose à un grand danger" et à "lutter contre toute opération de fraude ou d'achat de voix qu'ils sont en train de préparer".
Omar Souleimane, ancien chef des services secrets, brièvement vice-président d'Hosni Moubarak et dont la candidature de dernière minute avait provoqué des manifestations, a été disqualifié parce qu'il n'a pas réussi à obtenir le nombre minimum de signatures d'électeurs dans l'un des 15 gouvernorats, requis par la loi.
Le salafiste Hazem Abou Ismaïl ne peut quant à lui être candidat car sa mère a obtenu la nationalité américaine. La loi électorale dit en effet que tout candidat à la magistrature suprême doit être uniquement égyptien, de même que ses parents et son épouse.
Parmi les candidats disqualifiés figure aussi Ayman Nour, qui s'était présenté face à Hosni Moubarak en 2005, exclu pour les mêmes raisons que Khairat al-Chater.
• Qui reste en lice ?
Parmi les candidats restants, figurent l'ancien chef de la Ligue arabe Amr Moussa, l'ex-membre des Frères musulmans Abdelmoneim Aboul Foutouh et le dernier chef de gouvernement de Hosni Moubarak, Ahmad Chafiq.
Les Frères avaient anticipé la décision en présentant un candidat "alternatif", le président de leur formation politique, le Parti de la Liberté et de la Justice, Mohammed Morsi. La confrérie islamiste, première force politique du pays, reste donc dans la course.
• La présidentielle aura-t-elle lieu ?
Des centaines de partisans d'Hazem Abou Ismaïl, brandissant des photos de lui, se sont rassemblés mardi soir devant le siège de la commission électorale pour protester contre l'élimination de leur champion.
La tourmente provoquée par l'exclusion de près de la moitié des candidats se double d'incertitudes sur la rédaction de la future Constitution. La commission chargée de préparer la future loi fondamentale, formée par le Parlement dominé par les islamistes, vient d'être suspendue par décision de justice. L'armée, qui a prévu de remettre le pouvoir aux civils fin juin, une fois le président élu, a réaffirmé mardi que la présidentielle aurait lieu à la date prévue, pour dissiper les craintes que les incertitudes politiques favoriseraient son maintien au pouvoir.
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