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Des dizaines de milliers de manifestants dans une Egypte quasi-coupée du monde

Difficile de savoir en temps réel ce qui se passe dans les rues du Caire et d'Alexandrie. Le gouvernement égyptien a pris soin ce matin de couper l'internet, la 3G, les liaisons de téléphonie mobile et certaines liaisons satellitaires. _ Pourtant, comme prévu par "le mouvement du 6 avril", des foules se sont massées au Caire et à Alexandrie, après la prière du vendredi. On parle de dizaines de milliers de manifestants. Les forces de l'ordre ont sorti leur arsenal anti-émeute : les témoins parlent de gaz lacrymogènes, de canons à eau et de balles en caoutchouc. Bilan incertain : au moins un manifestant tué à Suez. Quatre journalistes français ont été brièvement arrêtés.
Article rédigé par franceinfo
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"TOTAL COMMUNICATIONS BLACKOUT IN #Egypt PLEASE HELPPPPPPPPPP". Traduisez : "toutes les communications sont coupées en Égypte. Au secours". Message envoyé sur Twitter, comme une bouteille à la mer, après l'annonce du brouillage des communications internet, de portables, et même de certaines liaisons satellitaires. Ne resteraient opérationnelles que les liaisons téléphoniques fixes et les antennes fixes de transmission par satellite.

L'objectif poursuivi semble donc surtout de priver les manifestants de leur principal moyen de s'organiser, de communiquer de nouveaux points de ralliement quand un premier rassemblement est dispersé par la police. Et les geeks pourtant de se transmettre des trucs pour contourner la censure : changer de mot de passe par exemple ou utiliser un serveur Proxy. Et certains y parviennent, racontant les premiers heurts avec la police dans les rues du Caire.

Balles en caoutchouc et arrestations de journalistes français

Car, sitôt la prière du vendredi achevée, des dizaines de milliers de personnes se seraient massées dans le centre du Caire, place Tahrir notamment, et dans d'autres villes, comme Suez, Alexandrie, Mansoura ou Charkia. Des rassemblements aussitôt réprimés par les forces de l'ordre, mobilisées en nombre, à coup de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc et de canons à eau.

Bilan de ces violents face-à-face : au moins un mort à Suez, un manifestant de 30 ans qui aurait été tué d'une balle en pleine tête. La police tentait alors de disperser des manifestants qui tentaient de prendre d'assaut le commissariat de la ville. Des voitures et un poste de police auraient été aussi incendiées. A Alexandrie, c'est au gouvernorat que les manifestants ont mis le feu.

Quatre journalistes français en outre ont été arrêtés, a annoncé le ministère français des Affaires étrangères. Journalistes travaillant pour
le Journal du Dimanche, le quotidien Le Figaro, l'agence photo Sipa et
l'hebdomadaire Paris-Match. Ils ont été relâchés quelques heures après.

L'opposant ElBaradeï assigné à résidence

Parmi les manifestants, ce matin, figurait l'ancien prix Nobel de la paix, Mohammed ElBaradeï, opposant au régime, rentré hier au Caire en proposant ses services pour assurer la transition démocratique dans son pays. Mais selon la chaîne Al-Jazira, il aurait été empêché de circuler par la police égyptienne. Puis assigné à résidence.

Le régime d'Hosni Moubarak, en place depuis trente ans, semble particulièrement aux abois. Sa tentative de verrouiller les communications internes en témoigne. Le président égyptien lui-même garde le silence depuis le début de la contestation, mardi dernier.

Cécile Quéguiner, avec agences

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