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"Revue Noire", l’histoire d’une revue d’art contemporain qui changea le regard sur l’Afrique et ses artistes

Article rédigé par franceinfo Afrique
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Le magazine "Revue noire" a permis de faire connaître et reconnaître sur la scène internationale, la création artistique du continent africain et de sa diaspora.

Le livre Revue Noire – Histoire Histoires – History Stories raconte l’aventure de quatre amis, Jean-Loup Pivin, Pascal Martin Saint Léon, Bruno Tilliette et Simon Njami, qui, mus par la même volonté de faire découvrir la richesse de l’art contemporain africain et de ses innombrables artistes, créèrent en 1991 le célèbre magazine "Revue Noire".

"Ce trimestriel (35 numéros) a voulu se faire l’écho des mutations identitaires, esthétiques, intellectuelles qui traversaient alors le continent", explique l’un d’eux. Sans discours partisan ou savant, tous ont voulu montrer une Afrique moderne et urbaine qui invente et crée. Bien plus qu’une publication, elle fut un révélateur d’une culture africaine dynamique concernant toutes les expressions artistiques : architecture, arts plastiques, cinéma, danse, littérature, mode et photographie. Et ce fut sans conteste dans ce dernier champ que le magazine a fait avec le plus d’éclat, la démonstration d’une spécificité africaine.

"Jusqu’au début des années 1990, l’Afrique était le continent vierge, sauvage et misérable que les grands reporters occidentaux montraient. Entre l’ethnologie spectaculaire et le reportage horrifié sur la misère et les guerres. La photographie africaine, du moins en ce qu’elle se démarquait de l’image attendue, était méconnue. On ne s’intéressait guère qu’à Seydou Keïta" déclarent les auteurs.

Si les "artistes africains étaient le plus souvent exposés et publiés dans des lieux ou des collections ‘réservés’ à l’Afrique", aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Nombre d’entre eux sont dorénavant considérés avant tout comme artistes avant d’être Africains. Si Revue Noire n’est sûrement pas la seule à avoir participé à cette évolution, elle a largement contribué à cette reconnaissance des créateurs africains, non seulement par les autres, mais aussi par eux-mêmes.

Mais "Revue Noire n’aurait plus de sens en 2020", car "s’il a fallu en passer par une revue spécialisée pour sortir ces artistes de l’africanité où l’époque avait tendance à les cantonner, les présenter désormais dans une revue spécifique serait les enfermer à nouveau dans un monde à part" concluent les auteurs.

A travers les pensées, réflexions, souvenirs de ses quatre créateurs et d’une trentaine d’autres rédacteurs, illustrés d’une foisonnante iconographie, ce livre fait revivre une aventure, humaine et éditoriale hors du commun, menée aux quatre coins du continent.

Pour accompagner ce propos voici 12 photos de couvertures.

Le premier numéro du trimestriel Revue Noire paraît le 1er mai 1991. On y voit en couverture les "Lutteurs Noubas" du sculpteur sénégalais Ousmane Sow. Grand format, bilingue français-anglais pour une diffusion internationale, le magazine se veut luxueux. La création contemporaine africaine doit se découvrir et se regarder avec respect. Londres est la première ville à être explorée. "Politiquement nous choisissons un pays anglophone, pour bien montrer que Revue Noire, revue française, n’est pas une revue liée à la francophonie, mais veut casser les barrières entre les mondes uniquement liés par l’histoire coloniale." La photographie africaine est au cœur du numéro 3 (et du numéro 15). "Nous pensions ce numéro être le dernier, tant nous étions au bout de nos finances.  Cette publication se transformait aussi en hommage au photographe anglo-nigérian Rotimi Fani-Kayodé, mort du sida, et un des rares artistes à avoir abordé l’homosexualité. Milk Drinker, l’une de ses photographies fait la couverture." (REVUE NOIRE)
Grâce à une participation financière européenne, Simon Njami l’un des créateurs de la revue prend en charge le numéro 6 consacré à une dizaine de pays des Caraïbes. 70 artistes y sont présentés dont le travail du Cubain exilé Humberto Castro illustre la couverture. Le numéro 7 consacré à Dakar et ses artistes, a joué son rôle dans la nouvelle manifestation d'Art contemporain "Biennale de Dakar" rebaptisée dès sa seconde édition en 1996, "Dak’Art". Une œuvre du peintre sénégalais El Hadji Sy, orne la couverture (REVUE NOIRE)
La couverture du numéro 13, consacré au Cameroun, montre une œuvre "Fight Against Aids" de Pascale Marthine Tayou. Cet artiste alors inconnu traite ici du Sida qui ravage le monde entier. Le numéro qui suit est un numéro double entièrement consacré à la danse. Epuisé en quelques semaines, il deviendra une référence pour la future danse contemporaine africaine. La couverture est illustrée par une photographie de Bill T. Jones, figure la plus internationale d’un danseur et chorégraphe noir engagé autour de thèmes sociétaux comme  le Sida.   (REVUE NOIRE)
Faute de financement suffisants, trois pays sont réunis dans le numéro 17 dont la couverture est assurée par l’artiste malien Abdoulaye Konaté. Pour la seconde fois un CD où figurent les plus grands musiciens maliens est offert avec le magazine. Dans le numéro 20, consacré à Paris figure aussi un CD, mais cette fois ci, le Hip Hop y est en bonne place. Patrice Félix-Tchicaya, photographe, vidéaste, musicien, réalise la couverture.   (REVUE NOIRE)
Le numéro 21 est consacré à Kinshasa. La couverture représente "La Maternité", première sculpture de l’artiste congolais Pume Bylex. Comme pour le numéro 17, trois pays sont à l’honneur dans le numéro 24 : Djibouti, l’Ethiopie et l’Erythrée. La sculpture de l’artiste éthiopien Ermias Ekubé en couverture montre ne nouvelle image de l’art africain loin des traditionnels stéréotypes. (REVUE NOIRE)
Un homme nu, fou marche dans les rues d’Abidjan. Telle est la photo de la couverture du numéro 31 consacré aux grandes villes africaines. Cette photo illustre les illusions, dysfonctionnements, violences, richesses, mais aussi la vitalité, des grands centres urbains comme Abidjan, Lagos et Johannesburg, des lieux où s’invente le futur. Le numéro 32 est consacré à deux pays limitrophes, l’un francophone, l’autre anglophone, le Togo et le Ghana. Une photo de Willis E. Bell sur les rituels funéraires des Ashanti du Ghana, est en couverture.    (REVUE NOIRE)

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