Côte d'Ivoire : entre combats, impasse politique et chaos sanitaire
Alors que les combats se poursuivent au nord de la ville, dans les quartiers du Plateau et de Cocody, l'intervention des militaires français est dénoncée par les partisans de Laurent Gbagbo, à l'image de Daniel, qui demande leur retrait : " Nous sommes traumatisés. Nous voyons que la France attaque notre palais présidentiel, c’est pas normal. Est-ce qu’on peut attaquer l’Elysée ? Est-ce qu’on peut casser la tour Eiffel ! Ce que vous nous faites, ça nous fait mal ", explique-t-il au micro de France Info.
Cette nuit, la force de l'ONU en Côte d'Ivoire (ONUCI) et la force française Licorne ont continué de viser des objectifs stratégiques près de la résidence du président sortant, dans le quartier de Cocody. Hier, plusieurs missiles avaient déjà été tirés, suivis de tirs nourris à l’arme lourde, ont rapporté des témoins.
"Il n'y a pas d'autre objectif" que d'" assassiner le chef de l'Etat, tout le reste n'est que prétexte", a estimé le porte-parole du gouvernement Gbagbo, Ahoua Don Mello. "On a repris l'opération consistant à neutraliser les armes lourdes partout où elles se trouvent", inique pour sa part le porte-parole de l'ONUCI, Hamadoun Touré. "Au cours des trois, quatre derniers jours, on a constaté une utilisation de ces armes lourdes contre les populations civiles et les Casques bleus. Les tirs contre le siège de l'ONUCI ont continué, d'où la nécessité de réagir pour protéger les populations civiles conformément à notre mandat", a-t-il ajouté.
Chaos sanitaire
La poursuite des combats à Abidjan fait peser la menace d'un désastre sanitaire sur les 4 millions d'habitants de la capitale économique ivoirienne. Il y a une pénurie de médicaments et les coupures d'eau sont fréquentes, alors que la population doit rester terrée chez elle en raison des affrontements entre les partisans d'Alassane Ouattara et ceux de Laurent Gbagbo, qui semblent avoir regagné du terrain ces dernières heures.
Des affrontements qui font de nombreuses victimes parmi les civils. A tel point que les hôpitaux ont désormais beaucoup de difficultés à faire face à l’afflux de blessés. Même situation dans les cliniques privées, comme celle du quartier de Marcory, au sud d 'Abidjan, où on n’accepte plus que les urgences et où l’on manque de tout.
"Alors que la communauté internationale a les yeux rivés sur
l'impasse politique autour de la présidence à Abidjan, les forces
des deux camps commettent de nombreuses atrocités contre des civils, leurs dirigeants montrant peu d'intérêt à les contenir", dénonce Daniel Békélé, directeur d'Human Rights Watch (HRW) pour l'Afrique.
Cécile Mimaut, avec agences
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