Congo : crimes de guerre et choléra
L'ONU a fait état hier de nouveaux affrontements à la roquette au mortier, sur un nouveau front, autour de Ngungu (60km au nord-ouest de Goma), dans le Masisi. Selon le colonel Jean-Paul Dietrich, porte-parole militaire de la Mission des Nations unies en RDC (MONUC), ces combats voient s'affronter les milices Maï Maï, pro-gouvernementales, et les rebelles de Laurent Nkunda. Au bout de six heures de combat, les Casques bleus y ont obtenu une trêve, permettant à des centaines de réfugiés de se rassembler près d'un poste de l'ONU, a-t-il précisé.
Médecins Sans Frontières (MSF) fait état de 13 nouveaux cas de choléra en périphérie de Goma la capitale du pays, portant le total à 45 depuis vendredi. Au moins 50.000 déplacés s'entassent à Kibati, entre les maisons du village et le camp de réfugiés, des milliers d'autres dormant en plein air, à même le sol, protégés des pluies torrentielles par de simples bâches en plastique. Les médecins craignent également le déclenchement d'une épidémie de choléra plus au nord, de l'autre côté des lignes rebelles, là où les humanitaires n'accèdent que très difficilement, et où les combats ont chassé vers les routes des dizaines de milliers de personnes autrefois dans les camps.
L'Europe accusée d'immobilisme
Dans ce même nord, les enquêteurs de l'ONU faisaient état de massacres de civils, qualifiés de "crimes de guerre" par l'émissaire spécial pour le Congo-Kinshasa Alan Doss. L'Union européenne (UE) est "en train de faillir à sa responsabilité" en République démocratique du Congo (RDC), a déclaré aujourd'hui l'ONG Oxfam, réitérant son appel à l'envoi de troupes en renfort à celles de l'ONU, avant une réunion ministérielle européenne.
"Déjà 5,4 millions de personnes ont péri au cours des dix dernières années", ajoute l'ONG en référence à certaines estimations sur les victimes des violences dans l'est de l'ex-Zaïre et de leurs conséquences (faim, maladies, etc.). "Combien d'autres devront encore souffrir avant que l'Europe n'agisse enfin concrètement ?" . "La force de maintien de la paix des Nations unies, la Monuc, n'est pas parvenue à garantir la paix et à protéger les populations, alors que près de 250.000 personnes ont dû quitter leurs foyers à cause des récents combats" depuis fin août, rappelle l'ONG. "L'Union européenne est la mieux placée pour fournir rapidement les troupes additionnelles. Elle dispose d'une expérience fructueuse en matière de maintien de la paix, tant au Congo qu'au Tchad, et a déjà pu démontrer son rôle vital dans la protection des civils", souligne encore l'ONG, rappelant que les pays européens "ne contribuent actuellement qu'à hauteur d'une centaine d'hommes aux 17.000 que comptent les Nations unies au Congo".
Caroline Caldier avec agences
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