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Burundi: sorti de prison, le journaliste Bob Rugurika poursuit son combat
Il avait été jeté en prison pour avoir diffusé les aveux d'un homme qui se présente comme le meurtrier de trois religieuses italiennes en septembre 2014 à Bujumbura. L'assassin présumé mettait en cause de hauts responsables des services secrets burundais. Le journaliste Bob Rugurika a été accueilli en héros à sa sortie de prison le 19 février 2015. Il a confié à Géopolis les raisons de son combat.
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Votre station de radio est surnommée «la radio des sans-voix», en pointe dans la dénonciation des inégalités sociales et des abus du pouvoir. Comptez-vous maintenir le même cap après l’épreuve que vous venez de vivre?
Absolument. C'est une obligation morale et professionnelle. Les menaces et les persécutions sont devenues le lot quotidien et ce n'est pas cela qui va nous faire fléchir. Les droits des citoyens sont notre objectif et on n'entend pas rompre notre contrat avec le public. Celui d'être la voix des sans-voix et les chiens de garde.
Des milliers de vos compatriotes ont bravé l’interdiction de manifester et sont descendus dans les rues de Bujumbura pour saluer votre libération. Certains observateurs y ont vu le témoignage du ras-le-bol du pouvoir et de ses méthodes...
Ils ont vu juste. Les rassemblements populaires sont l'expression d'une grande évolution socio-politique au Burundi. C'est une façon pour le peuple de dire non aux pratiques du pouvoir. Mais surtout il s'agit d'une expression d'un ras-le-bol du peuple face au dysfonctionnement grave de l'appareil judiciaire et des injustices graves commises par les dirigeants en place. C'est un signe fort de soutien envoyé à la presse burundaise et à la société civile qui occupent de plus en plus le vide laissé par les institutions.
La tension semble monter au fur et à mesure qu’on s’approche des élections. Redoutez-vous une nouvelle crise d’envergure au Burundi si le président Pierre Nkurunziza se représente pour un troisième mandat?
De toutes les façons, si le président Nkurunziza se présente pour un troisième mandat, il y aura des heurts qui peuvent aller jusqu'aux violences généralisées et, du coup, entraîner la mort de centaines voire de milliers de personnes. Aujourd'hui, il ya des voix dissonantes au sein du parti présidentiel. Certains cadres du parti seraient contre ce troisième mandat. C'est le cas du patron des renseignements qui a adressé au chef de l'Etat un rapport le mettant en garde contre les dangers d’un tel projet (Il a été aussitôt remplacé à son poste, NDLR).
Le gouvernement burundais a mis en garde contre toute tentative de «soulèvement» dans le pays.
C'est un message d'intimidation qui vise à sonder les opinions sur le sujet. Je ne crois pas que c'est ce discours qui va empêcher les gens de descendre dans la rue.
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