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Burundi : Pierre Nkurunziza, la prière et le football au service de la politique
La victoire de Pierre Nkurunziza ne fait aucun doute. Jusqu’au bout, il a balayé les critiques de l’opposition qui l’accusent de mener le pays à la violence. Même les appels des partenaires du Burundi ne l’ont pas fait renoncer à un troisième mandat très controversé. Portrait d'un ancien chef rebelle devenu homme de pouvoir.
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Il a été façonné par le maquis qu’il a rejoint en 1995 pour combattre le pouvoir de Bujumbura dominé, à l’époque par la minorité tutsi.
L’ancien chef rebelle, Pierre Nkurunziza devient orphelin à l’âge de 8 ans. Son père, issu de l’ethnie majoritaire hutu est un ancien parlementaire. Il a été assassiné lors des violences qui ont décimé l’élite hutu du pays en 1972.
Sa famille a été décimée dans les massacres interethniques
Toute sa jeunesse a été marquée par des massacres interethniques. «J’ai été poussé dans la rébellion par les massacres interethniques qui se sont déroulés à l’université de Bujumbura en 1995», explique Pierre Nkurunziza. «Ce jour, des étudiants tutsi se sont lancés à ma poursuite. Je me suis enfui dans les collines. Mon frère qui me ressemblait énormément a été tué à ma place», raconte celui qui deviendra plus tard l’homme fort du Burundi.
Pierre Nkurunziza a failli lui-même perdre la vie en novembre 1995, alors qu’il était dans le maquis. Grièvement blessé à la jambe par un éclat d’obus, il a survécu miraculeusement quatre mois dans les marécages. Ses compagnons l’avaient laissé pour mort. C’est là que «Dieu lui serait apparu» pour lui annoncer, selon son porte-parole, «qu’il dirigerait un jour le Burundi».
La prière et le football comme armes politiques
Grand amateur de football, l’ancien professeur de sport en est convaincu, il est devenu président de la République «par la volonté divine».
Pierre Nkurunziza ne passe pas une journée sans prier. Et chaque année, il organise des prières. Il prêche avec son épouse, pasteure évangéliste, devant ses administrés et ses collaborateurs.
C’est en août 2005 que l’ancien chef rebelle accède à la magistrature suprême. Il est élu par un parlement issu de l’accord d’Arusha qui consacre le partage du pouvoir entre Hutu et Tutsi, les frères ennemis burundais.
Durant son premier mandat, la paix est de retour au Burundi. Le dernier mouvement rebelle encore actif, le Front National de Libération dépose les armes et intègre les nouvelles institutions. les anciennes forces belligérantes fusionnent. La confiance est de retour, la liberté d’expression est garantie. Mais tout reste à reconstruire après 10 années de guerre civile.
Pendant les premières années de son règne, Pierre Nkurunziza gouverne le pays sous le contrôle de ses anciens frères d’armes. Mais il saura s’en débarrasser pour prendre véritablement les commandes du pays.
En campagne permanente
Réélu au suffrage universel en 2010, l’ancien maquisard, devenu pasteur évangélique, parcourt le pays avec son équipe de football (Halleluia FC) et sa chorale religieuse, jouant avec des équipes locales et organisant des prières partout où il passe.
Un contact permanent avec le pays profond qui lui vaut une réelle popularité dans les campagnes. «Nkurunziza est quelqu’un qui a un instinct de survie et de maintien au pouvoir très élevé, quelqu’un de très calculateur qui s’est mis à travailler pour sa prochaine réélection dès qu’il a été élu en 2005», assure Innocent Muhozi, président de l’observatoire de la presse au Burundi.
Celui qui se pose en «père de la Nation» est qualifié de «populiste» par ses adversaires. «Ce président passe son temps à construire des écoles, à pétrir le ciment ou la boue, à jouer au football ou à prier. Il n’a pas le temps de s’occuper des dossiers», ironise l’opposant Léonce Ngendakumana, président du parti Frodebu.
Pour ses nombreux partisans, cela n’a pas empêché à Pierre Nkurunziza de réaliser une œuvre «titanesque». Ils citent notamment la construction de nombreuses écoles qui dispensent un enseignement gratuit et les soins de santé gratuits pour les moins de cinq ans.
Sous ses dehors gentils, «c’est un homme impitoyable», résume un ancien proche du président, cité par l’AFP, «gare à ceux qui vont se mettre en travers de sa route», y compris parmi les siens, prévient-il.
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