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Loi sur la violence contre les femmes: les députés islamistes algériens dérapent

Le bloc islamiste, Alliance de l’Algérie verte, était vent debout à l’Assemblée pour faire capoter le projet de loi sur la violence contre les femmes, finalement adopté le 5 mars 2015. Les islamistes ont accusé le gouvernement de céder aux pressions étrangères tout en évoquant des arguments originaux.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'Assemblée populaire nationale (APN). (Fayçal Nechoud/AFP)

C’est la faute de la femme, toujours. Et si elle dépose plainte, elle fera exploser la famille. Il faut donc retirer cette loi au plus vite, CQFD. C’est la ligne de conduite des islamistes de l’Alliance de l’Algérie verte (AAV) qui ont bataillé très dur à l’Assemblée populaire nationale (APN). Avec une stratégie à deux niveaux : religion et nationalisme. Religion en anglant leurs tirs sur les «valeurs de l’islam» et nationalisme en évoquant «la main étrangère», argument généralement utilisé par les autorités pour étouffer toute contradiction. Un député de ce boc islamiste, Mohamed Daoui, est allé plus loin : «On ne peut criminaliser un homme qui a été excité par une femme.»
 


Les femmes mal habillées, la rue et la gifle
Fatma Zahra Bounar, députée de l’AAV, évoque quant à elle le risque d’une suprématie de la femme sur l’homme. Selon ses dires rapportés par Reporters DZ, «les femmes mal habillées sont actrices de violence contre les hommes». Pour «mal habillées», comprendre sans voile islamique.
 
Les islamistes ont trouvé soutien auprès de la médiatique avocate Fatma Benbraham qui ne voit dans cette loi qu’une usine à fabriquer des divorces. «Si une femme dépose plainte pour une gifle de son mari, celui-ci divorcera et la famille sera divisée», argue la juriste.
 
«Envie de donner des fessées»
La députée Chafia Mentalechta ne cache pas sa colère sur sa page Facebook. Présente lors des débats, elle s’étrangle d’indignation.

 
 
«J’ai une femme et deux filles, je dois préserver leur dignité»
Le ministre de la Justice, Tayeb Louh, démine le terrain et retourne les arguments des islamistes : «Le fait de ne pas prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à la violence faite aux femmes est contraire aux préceptes de la charia qui protège la femme et préserve sa dignité.» Et de balayer l’accusation de «la main étrangère». «Nous sommes souverains dans nos décisions. Ce texte n’a pas été élaboré sous des pressions étrangères. Si cette démarche et ce projet ne sont pas du goût de certains partis, je n’y peux rien. Moi je le trouve parfait. Personnellement, j’ai une femme et des filles et je dois préserver leur dignité. Personne ne peut accepter que la dignité de la femme soit bafouée.»
 
Les députés ont adopté le 5 mars 2015 le projet de loi amendant et complétant le code pénal portant de nouvelles procédures inhérentes à la protection de la femme contre toutes les formes de violence.
 

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