Cet article date de plus de huit ans.

Les attentats de Paris réveillent le souvenir de «la guerre civile» en Algérie

La presse algérienne est revenue largement ce dimanche sur les attentats de Paris qui ont fait 129 morts et près de 300 blessés. Pour les éditorialistes, l’engagement de la France ne saurait expliquer seul cette attaque sanglante. Les Algériens, traumatisés par la guerre civile dans les années 90, expriment leur solidarité sur les réseaux sociaux.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika en 2014. (CITIZENSIDE/FAYCAL NECHOUD / AFP)
Emotion partagée. «Les images que nous recevons sont effroyables, choquantes et inadmissibles. Elles nous replongent dans l’Algérie des années 1990, celle des années noires avec ses 200 000 victimes, mais hélas sans l’élan de solidarité tout naturellement exprimé à la France. L’Algérie faisait face, dans la douleur et la solitude, à l’intégrisme armé, lourdement financé par l’Arabie Saoudite et, à un degré moindre, par l’Iran. Les nations occidentales ne voulaient pas trop s’impliquer dans la «guerre civile algérienne». Notre pays était bien isolé, l’armée boycottée… », analyse Omar Belhouchet, directeur d’El Watan.

L’engagement de la France en Syrie ne saurait, selon l’éditorialiste de Liberté, expliquer seul cette «attaque sanglante». «Bien sûr, elle constitue aussi une réponse à l’engagement de la France dans la lutte contre le terrorisme islamiste transnational. Mais une éventuelle “neutralité” l’aurait-elle mise à l’abri de la stratégie hégémoniste du terrorisme islamiste mondialisé ? Le fait de prendre ses distances dans “la guerre civile” en Algérie ne l’avait pas épargnée, en 1995, de l’expansion du terrorisme, naturel mode d’expression de l’idéologie islamiste. Dans cette guerre globale, ce ne sont pas nos différences qui motivent la haine islamiste, mais ce que nous partageons : l’humanité et l’humanisme », s’indigne Liberté.


Pour Le Quotidien d’Oran, les attentats de Paris sont le signe que l’organisation Etat islamique est en train de perdre sur le plan militaire, qu’elle est dans une fuite en avant mortifère. «Daech développe une sanglante stratégie de diversion visant à masquer l'affaiblissement que lui infligent les frappes aériennes dont ses positions en Syrie et en Irak sont la cible et les coups de boutoir que lui assènent, sous leur couvert, les forces armées du régime de Damas et les combattants kurdes. Les attentats de Paris ont été préparés et menés dans le cadre de cette ignoble stratégie tout comme ceux qui ont eu lieu en Egypte contre l'avion russe et à Beyrouth dans un quartier contrôlé par le Hezbollah». 

Capture d'écran du quotidien Liberté (DR/Liberté)

Sur le plan politique, l’Algérie condamne fermement l’attaque qu’elle qualifie de crime contre l’humanité. Dans un message adressé à François Hollande, le président Abdelaziz Bouteflika révèle le caractère transnational du terrorisme. «Cette horreur planifiée constitue un véritable crime contre l'humanité. En cette douloureuse épreuve, je vous exprime, au nom du peuple algérien, de son gouvernement et en mon nom personnel, nos plus sincères condoléances à vous-même et au peuple français ami, ainsi que toute notre sympathie aux familles des victimes. L'Algérie condamne énergiquement ces crimes terroristes qui attestent encore une fois, malheureusement, que le terrorisme est un fléau transfrontalier».
 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.