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L’Algérie, révulsée par l’assassinat de Razika, s’interroge

Le meurtre particulièrement violent d’une quadragénaire, Razika Cherif, révulse les Algériens et remet en lumière le harcèlement sexuel et la violence faite aux femmes en Algérie. Le texte de loi adopté par l’Assemblée en mars dernier n’est toujours pas à l’ordre du jour au Sénat.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Capture d'écran (DR)

Le fait divers est sordide. La semaine dernière, une femme refuse les avances d’un automobiliste à Magra (Msila), une petite ville algérienne. L’homme l’écrase volontairement en lui roulant dessus à deux reprises. Depuis, la violence faite aux femmes et le harcèlement sexuel sont incarnés par la photo de cettefemme, baignant dans son sang. Tuée en pleine rue pour avoir dit non à un homme. Après l’émotion, la société algérienne s’interroge.
 
El Watan rapporte que l’ONG Balsam, réseau national de centres d’écoute des femmes victimes de violences, a reçu 29 532 cas d’agression sur des femmes. «C’est dire que la situation est bien plus inquiétante que le démontrent les statistiques officielles. Tant que l’Etat ne légifère pas des lois plus protectrices, d’autres Razika viendront grossir la liste des victimes de violence ou perdront la vie, assassinées dans la rue par un inconnu dont l’ego a été touché juste parce qu’elles n’ont pas répondu à ses désirs», s’indigne le quotidien.


L’Etat empêtré dans ses contradictions
Mars 2015. Le bloc islamiste, Alliance de l’Algérie verte, était vent debout à l’Assemblée pour faire capoter le projet de loi sur la violence contre les femmes, finalement adopté le 5 mars 2015. Le gouvernement avait promis d’aller jusqu’au bout malgré la réticence des conservateurs. Or, si le texte a été adopté par l’Assemblée, il n’est toujours pas à l’ordre du jour au Sénat. 
 
La députée Chafia Mentalecheta appelle les sénateurs à s’en saisir au plus vite.

capture d'écran (DR)

 
Miroir tendu à la société
Geste d’un déséquilibré ou phénomène social ? Le mal est profond, selon Aziz Benyahia, qui voit dans Razika la victime de la misère sexuelle des Algériens. «Un pays où aucune femme ne peut s’éloigner de son quartier au soleil couchant, où les passants et les automobilistes redoublent de harcèlements orduriers sous le regard complice ou impuissant de la foule, où la femme est coupable d’être femelle, où la justice ne se presse pas trop pour juger les viols, où un automobiliste roule sur le corps de celle qui lui a refusé ses avances, et lui repasse plusieurs fois sur le corps pour s’assurer qu’il a bien achevé d’écraser l’insolente catin; eh bien, ce pays-là est destiné à dépérir et à disparaître», écrit-il dans Focus.

 
Les réseaux sociaux en colère
Cette affaire est très commentée sur les réseaux sociaux. Comme souvent, les initiatives se multiplient. Le groupe «Féministes algériens en mouvement» avait organisé un rassemblement à la Grande-Poste pour honorer la mémoire de Razika. Avec une fleur pour dire non à l’oubli, et stop à la violence.

Capture d'écran (DR)


 

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