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La Grande mosquée d’Alger, une guerre de minaret sino-allemande relance le débat

La Grande mosquée d’Alger, projet pharaonique, devrait être livrée fin 2016. Pour les autorités algériennes, c’est une affaire politique. Les cabinets allemands chargés de l’étude, évincés par Alger, mettent en cause l’entreprise chinoise chargée de l’œuvre. Le budget a explosé et les retards s’accumulent.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Le chantier de la Grande mosquée d'Alger, en janvier 2016. (Ramzi Boudina/Reteurs)

L’anecdote est assez symbolique. Le ministre algérien de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune, s’est rendu le 23 avril 2016 sur le chantier de la Grande mosquée d’Alger pour affirmer «urbi et orbi» que l’édifice sera fin prêt avant la fin de l’année. En voulant vérifier l’avancement du minaret, il s’est retrouvé coincé dans l’ascenseur. Sur la Toile, des internautes résument la situation ubuesque: «Les Chinois construisent très vite, les Allemands plus solidement.» La livraison du chantier est devenue une affaire politique. Les ministres algériens multiplient les déclarations : le premier appel à la prière s’élèvera fin décembre 2016. Pas si sûr...

 
Le projet est gigantesque : s’étendant sur plus de 20 hectares, la Grande mosquée d'Alger compte une salle de prière d'une superficie de 20.000 m², une esplanade et un minaret d'une hauteur de 270 mètres, une bibliothèque, un centre culturel, une maison du coran, des jardins, un parking, des bâtiments administratifs, de la protection civile et de la sécurité, des restaurants...
 

La Grande mosquée d’Alger, Djamaâ al Djazaïr, surnommée plus communément mosquée Bouteflika, est devenue une affaire très sensible. Le président algérien, très affaibli, actuellement à Genève pour des contrôles médicaux, tient à l’inaugurer. Comme une empreinte parachevant ses quatre mandats. La 3e plus grande mosquée au monde après Médine et La Mecque (Arabie Saoudite) multiplie les retards. Et selon les bureaux d’étude allemands, cités par TSA, la finalisation du projet «dans des conditions idéales» se situerait entre 2019 et 2020. Et le budget de passer d’un milliard d’euros à près de trois milliards.

 
La construction de cette mosquée a toujours été au cœur d’une grande polémique entre les conservateurs qui rêvent d’un rayonnement culturel islamique et les progressistes qui auraient souhaité quarante hôpitaux modernes «pour éviter les incidents Val-de-Grâce à répétition». Une guerre d’images.

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