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Force militaire arabe : le cas algérien

Le président égyptien, le maréchal al-Sissi, se voit à la tête d’une armée arabe pour mater «les groupes terroristes». Les monarchies du Golfe, à l’origine de l’initiative, applaudissent en y voyant un moyen de contrer l’Iran. L’Algérie oppose un refus poli mais ferme : ni Téhéran, ni Riyad.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Sommet de la Ligue arabe sous haute surveillance (Amr Dalsh/Reuteurs)

Partager les renseignements oui, mais pas de soldats algériens à l’étranger. La position officielle de l’Algérie n’a pas changé depuis son indépendance en 1962 : aucune ingérence dans les pays souverains. Pour le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, la solution à tout conflit est d’abord politique avant d’être militaire. Au président égyptien Abdelfettah al-Sissi, soutenu par les monarchies du Golfe à l’initiative d’une force militaire arabe, le chef de la diplomatie algérien a renouvelé sa défiance : «L'Algérie n'autorisera aucune participation de ses troupes armées à des opérations militaires en dehors de ses frontières, mais pourrait toutefois apporter un soutien en logistique au-delà de ses frontières sans pour autant impliquer ses troupes armées.» 

Forces en présence au Yemen (AFP)


Les Etats membres de la Ligue arabe ont annoncé le 29 mars 2015 à Charm el-Cheikh, en Egypte, la création d'une force unifiée susceptible d'intervenir dans les conflits qui menacent la région, comme en Syrie, en Libye ou au Yémen, où l'Arabie Saoudite et l'Iran s'affrontent indirectement. Les contours de cette force panarabe seront précisés dans un mois. Et l’Algérie d’appeler «à soumettre l’initiative à un examen plus approfondi». En termes moins diplomatiques : «iI est urgent de prendre son temps.»
 
Riyad, Téhéran, Alger et al-Jazeera
Les intérêts sont divergents. Pour le président égyptien, cette force servira d’abord à lutter contre «les groupes terroristes». Dans son viseur, le Sinaï et la Libye. Pour l’Arabie Saoudite et ses alliés dans le Golfe, il s’agit avant tout de faire face à l’influence de l’Iran dans la région, à commencer par le Yémen avec qui elle partage 1.800 km de frontières. Force anti-Daech et al-Qaïda ou Force anti-Téhéran ? L’Algérie évite de se prononcer, acceptant à consentir un soutien logistique (comprendre le renseignement) dans les pays «dont les Constitutions permettent de telles actions».

Le quotidien algérien francophone El Watan s’interroge sur le concept de la non-ingérence, alors que selon lui, l’Algérie se retrouve face à l’axe Riyad-Le Caire. «L’opportunité d’une révision du concept de sécurité nationale adossée au sacro-saint principe de la non ingérence coule de source. L’Algérie devrait-elle continuer à attendre les terroristes sur son territoire où devrait-elle au contraire intervenir militairement là où il est possible de le faire dans des opérations ponctuelles avec les pays voisins pour juguler la menace? La question est d’une brûlante actualité au-delà du dogmatisme constitutionnel.»

Il n’en fallait pas plus à la chaîne al-Jazeera (lien en arabe) pour laisser entendre qu’Alger est inféodée à Téhéran. Dans un article sur son site arabophone, al-Jazeera titre : Tempête décisive : refus officiel et divisions des partis. Précision : les journaux algériens, toutes tendances confondues, ne font aucune mention de ces prétendues dissensions.

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