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En Algérie, un vent de racisme souffle sur les immigrés nigériens

Les immigrés subsahariens ne sont pas les bienvenus en Algérie. Accusés d'être sales, de ne pas travailler et, comble de la stigmatisation, d'apporter le sida dans le pays. «Ils ne se lavent pas», «Ils ont amené avec eux les maladies!»: en Algérie, le rejet des migrants s'exprime sans fard. Le racisme ne se cache plus.
Article rédigé par Valerie Kowal
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Une immigrée nigérienne dans le camp de Boufarik, en Algérie, le 14 mai 2014. (AFP/Farouk Batiche)

Le quotidien Al-Fadjr (L'Aurore) a fait sa Une le dimanche 18 mai 2014 sur les «milliers d'Africains qui ont envahi les rues de la capitale», accusés de «propager les épidémies et d'autres maux sociaux comme le trafic de fausse monnaie». Les migrants qui s'installaient dans la grande ville saharienne de Tamanrasset, proche du Mali et du Niger, sont de plus en plus nombreux à s'installer dans les grandes villes du nord de l'Afrique. Et c'est là que la bât blesse pour les Algériens.

A Boufarik, près d'Alger, des centaines de migrants s'entassent sous des tentes de fortune. Leurs conditions de vie sont sommaires. On surnomme ces endroits de fortune «les camps des Africains» ou «les camps des Noirs».

La sociologue Fatma Oussedik s'alarme de cette montée du racisme :«Quand nous entendons les Algériens parler des Africains, nous nous demandons dans quelle région du monde nous sommes. Ce refus de l'autre, c'est un déni de soi d'abord». Ali, un enseignant à la retraite déclare à l'AFP craindre la montée «d'une société raciste» et s'émeut du manque d'humanité de ses compatriotes.

Avant d'atteindre l'Algérie, les migrants traversent des pays et des épreuves qui peuvent s'avérer mortelles. Début mai 2014, des dizaines d'entre eux en provenance du Niger ont disparu dans le désert. Et point d'eldorado en Algérie. Les Nigériens doivent souvent vivre cachés. Mahamadou vit dans la crainte d'être renvoyé chez lui, un «retour à la case départ». Il travaille au noir pour envoyer de l'argent à sa famille restée à Zinder, dans le sud du Niger.

Les migrants du camp de Boufarik viennent tous de Zinder, le 2e ville du Niger. Ils ont payé 1000 euros à des passeurs, qui leur ont fait traverser le désert en deux jours.

Selon Afrik.com, Adel Zeddam, représentant de l'Onusida à Alger, a poussé un cri d'indignation après la publication d'articles «scandaleux et discriminatoires qui établissent un lien entre l'arrivée des migrants et une prétendue propagation du virus du sida» qui touche d'après les sites officiels 800.000 personnes sur une population de 38 millions d'habitants.

Massahadou, arrivé il y a quelques mois, a fait venir se famille «pour une vie meilleure». Il espère trouver un travail et compte bien rester en Algérie. En attendant, il doit tenter de survivre au quotidien dans un environnement hostile et dans des conditions inhumaines.



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