Algérie : ce qu’il faut retenir après l’annonce du report de la présidentielle
Le président Abdelaziz Bouteflika, cible d'une contestation inédite, a renoncé à briguer un 5e mandat et reporté sine die la présidentielle du 18 avril, prolongeant son actuel mandat.
"Il n'y aura pas de cinquième mandat" et "il n'y aura pas d'élection présidentielle le 18 avril prochain", a annoncé le président Abdelaziz Bouteflika dans un message à la nation publié par les médias officiels, lundi 11 mars. Le président algérien, cible d'une contestation inédite en 20 ans de pouvoir, a donc renoncé à briguer un 5e mandat et a, dans le même temps, reporté sine die la présidentielle du 18 avril. Mais que signifient ces annonces, qui prolongent de fait son actuel mandat ? Franceinfo fait le point.
Pas de cinquième mandat, mais Bouteflika reste chef de l'Etat
"Il n’y aura pas de cinquième mandat et il n’en a jamais été question pour moi", assure dans son message à la nation Abdelaziz Bouteflika - alors que son directeur de campagne avait bien déposé son dossier de candidature au Conseil constitutionnel le 2 mars. Dans une lettre lue à la télévision nationale après le dépôt de sa candidature, Abdelaziz Bouteflika s'engageait, s'il était élu, à ne pas aller au bout de son mandat et à se retirer à l'issue d'une présidentielle anticipée, dont la date serait fixée à l'issue d'une "conférence nationale".
Cette fois, le président algérien renonce définitivement à briguer son cinquième mandat. Abdelaziz Bouteflika dit vouloir laisser l'Algérie "entre les mains des nouvelles générations d’Algériennes et d’Algériens qui seront tout naturellement les principaux acteurs et bénéficiaires de la vie publique et du développement durable dans l'Algérie de demain."
Cependant, dans le même temps, Abdelaziz Bouteflika annonce qu'"il n’y aura pas d’élection présidentielle le 18 avril prochain". Et en s'engageant dans ce texte "à remettre les charges et les prérogatives de président de la République au successeur que le peuple algérien aura librement élu" à une date non précisée, Abdelaziz Bouteflika indique qu'il restera chef de l'Etat au-delà de l'expiration de son mandat le 28 avril 2019, et ce jusqu'à l'élection d'un successeur.
Aucune date pour une nouvelle élection présidentielle
Aucun texte - Constitution ou loi - n'est invoqué dans le message du président pour reporter la présidentielle. Pour la spécialiste de droit constitutionnel Fatiha Benabou, professeur à l'Université d'Alger, "il n'y a pas de base légale pour reporter les élections. En cas de crise politique, la Constitution algérienne est partiellement ineffective".
Mais le chef de l'Etat se charge de tracer les contours de la prochaine présidentielle. L'élection "aura lieu dans le prolongement de la conférence nationale inclusive et indépendante (...) équitablement représentative de la société algérienne" et qui "devra s'efforcer de compléter son mandat avant la fin de l'année 2019". Cette conférence, qui sera conduite par une "personnalité d'envergure nationale, indépendante, consensuelle et expérimentée", "fixera souverainement la date de l'élection présidentielle à laquelle je ne serai en aucun cas candidat", assure-t-il.
Sur RFI, Ramtane Lamamra, ex-ministre des Affaires étrangères nommé vice-Premier ministre, a affirmé que les élections, libres, auront lieu avant la fin de l'année.
Une nouvelle Constitution sera soumise à référendum
La conférence nationale, qui supervisera la transition, sera également chargée d'élaborer une nouvelle Constitution, pour lancer le "processus de transformation de notre Etat-nation", explique Abdelaziz Bouteflika. "Le projet de Constitution qui émanera da la Conférence sera soumis à un référendum populaire", précise-t-il.
Le Premier ministre remplacé
"J’ai décidé de procéder tout prochainement à des changements importants au sein du gouvernement. Ces changements constitueront une réponse adéquate aux attentes dont vous m’avez saisi", a écrit Abdelaziz Bouteflika dans son message à la nation. Le chef de l'Etat a effectivement limogé l'impopulaire Premier ministre Ahmed Ouyahia, et l'a remplacé par Noureddine Bedoui, jusqu'ici ministre de l'Intérieur. Noureddine Bedoui, flanqué d'un vice-Premier ministre - poste qui n'était plus pourvu depuis 2012 - a été chargé lundi soir de former un nouveau gouvernment.
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