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El Manchar, le Gorafi algérien qui croque l’actualité à pleines dents... de scie
Titres chocs, articles bien ciselés, réactif, liberté de ton... le site parodique El Manchar (la scie, en arabe) est devenu, au bout de quelques mois, un phénomène médiatique. Ses canulars sont pris au premier degré par certains médias et des personnalités politiques.
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Sa dernière victime est belge et s’appelle Pascal Vrebos, l’animateur de RTL-TVI. Selon Nord-Presse, autre site parodique, ce dernier voulait faire réagir l’ancien Premier ministre belge Elio Di Rupo sur l’absence d’accueil de réfugiés syriens dans les pays du Golfe. Pour ce faire, l'animateur s'indigne : «Le Qatar a dit : on ne les accueille pas, on a assez d’esclaves.» Sauf que l’émir du Qatar n’a jamais fait une telle déclaration. C’est le facétieux El Manchar qui le lui avait fait dire.
L'énorme bourde de Pascal Vrebos sur les migrants au Qatar @RTLTVI @grikos http://t.co/gWvFitzxh5 pic.twitter.com/YIW0AKLNT7
— Nordpresse (@Nordpresse) September 7, 2015
«Hamadache (activiste salafiste) : "Ce n’est pas la minijupe qu’il faut interdire mais les femmes"»; «Un Coran illustré pour inciter les membres de Daech à le lire»; «Daech crée son propre fuseau horaire, reculant ses horloges de 15 siècles et 30 minutes»... El Manchar manie l’humour et crée le buzz, quelquefois malgré lui.
Au plus fort de l’affaire de la jupe trop courte, une étudiante algérienne empêchée d’accéder à l’université par un vigile, le site parodique, pas sérieux pour un dinar, titre : «La minijupe sera totalement interdite en Algérie.» Les réseaux sociaux s’enflamment entre les pour et les contre, des médias reprennent la fausse information. Et le site explose. Né en mai 2015, il revendique plus de 700.000 visites par mois (juin, juillet).
Tout le monde en prend pour son grade, le régime n’est pas épargné. Sa dernière blague, heu… pardon, information : «Le marionnettiste officiel du Président Bouteflika démissionne».
Le créateur du site, un jeune pharmacien, Nazim Baya, n’en finit pas d’être étonné du succès et… d’être repris : «Pour un journal parodique, être pris au sérieux c’est un peu comme une consécration. C’est le comble de l’absurde, donc forcément ça ne peut être que jouissif pour moi. Mais au-delà de l’aspect comique, je pense qu’El Manchar pose très sérieusement la question du professionnalisme journalistique et de la crédibilité des médias», confie-t-il à El Watan. A méditer, entre deux grands éclats de rire.
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